vendredi 17 septembre 2010

Michel, le Japon et moi.


C'est la deuxième fois que Michel et moi partons ensemble au Japon. Probablement parce que je pars rarement après la rentrée littéraire, la faute à ces 3 semaines de vacances à prendre entre juin et septembre. Le cas ne s'est donc produit qu'à 2 reprises, une fois en tant qu'étudiant et une fois en tant que chômeur.

La première fois, je venais de gagner un voyage au Japon, un concours de japonais avec 2 semaines de visite pour les deux meilleurs. Je savais déjà en entrant dans la salle d'examen que je serais parmi ces deux-là, mais à la seconde place. Un baiser pour encourager, un coup de latte pour blesser l'ego déjà disproportionné. Je pars donc en septembre 2001, Plateforme dans mon sac.
Amusante similarité de la condition du héros, en voyage organisé en Thaïlande, et de votre serviteur, en voyage organisé au Japon : les groupes qui se forment, les différents univers qui se croisent. Chaque soir Michel me raconte ma journée.

Cette année, je suis parti avec La carte et le territoire. Comme pour Plateforme, je le trouve moins bon que le précédent, tout en sachant que je l'apprécierai davantage en deuxième lecture, dans quelques mois. Parce que Michel, c'est le style. Plus que l'histoire, c'est ce sens maîtrisé du flashback, ces phrases assassines au détour d'un paragraphe anodin, ces attaques sournoises, machistes et racistes qui font hurler les femmes de gauche et les puceaux de la vie, cette engeance qui constitue le bras armé de l'impuissance totalitaire ("on peut pas", "on n'a pas le droit").
T'inquiète, Michel, toi et moi on se comprend.

De façon récurrente, Michel fustige les Japonais et leur "arrogance caractéristique".

Oui, il y a de ça.

Michel, c'est un gros câlin aux expatriés, quel que soit le pays. C'est la France pas contente exprimée avec les mots qui font du bien, les mots qui font sourire et les mots qui mettent en colère, comme une chanson de The Smiths. Avec Michel, on est partout chez soi.

Michel, je t'aime.

8 commentaires:

Anonyme a dit…

c'est qui michel ?...

Naimi a dit…

tu dois être content que Michel ait gangné le prix Goncourt!

Robert Patrick a dit…

@Naimi : je ne le savais même pas, je viens de vérifier. Si tu me suis régulièrement, tu sais que je méprise les diplômes et je crois que le Goncourt n'apporte rien au texte lui-même : s'il ne l'avait pas eu, le texte n'en aurait pas été moins bon, de même qu'il n'est pas meilleur maintenant que le livre est auréolé de cette récompense.
Je suis content pour Michel, mais cela ne change rien dans mon rapport à sa littérature.

naimi a dit…

J'étais certain que tu allais répondre ça;)
Ça me fait aussi plaisir qu'il ait eu ce prix, un peu de reconnaissance ne fait pas de mal de temps en temps même s'il n'en a pas besoin.

Alexis Hassler a dit…

Je te suis pas RP, pour une fois. C'est probablement le pire Houellebecq qui soit :

- Style effacé (c'est plat, où est l'humour grinçant des débuts ?)
- Analyses sociologiques inexistantes (mis à part un peu de branlette, on est loin de l'approche marxiste des débuts, là encore)
- Personnage principal mauvais et cadre de merde (le milieu bobos/artistiques, une description sans férocité; un microcosme pour petits bourgeois).

Grosse déception, Michel voulait son Goncourt, il a formaté son style, ses sujets...on se retrouve avec un banal roman de la rentrée littéraire comme tant de romanciers en chient. S'embourgeoiser, c'est vraiment pas cool.

Robert Patrick a dit…

@Alexis : "le pire Hoeullebecq", pour moi ça veut rien dire. Le pire de mes articles est déjà bien mieux écrit que n'importe quel article de skyblog.
Même dans "le pire Houellebecq" on retrouve un certain savoir-faire sur les domaines qu'il affectionne.
Alors, oui, on se pisse pas dessus à chaque page, on pleure pas à tous les chapitres, OK.
Mais je vais pas crier avec tous les rageux qui se réveillent maintenant qu'il a eu son Goncourt en dénonçant le calcul.
Moi, j'ai acheté son bouquin 1 semaine avant la sortie officielle, et pendant les 2 semaines qui ont suivi j'ai entendu personne gueuler. Maintenant qu'il a le Goncourt, ça devient le sceau de l'infamie, comme les grognasses qui trouvent que maintenant que tout le monde a un iPhone, ben "en fait, l'iPhone c'est pas terrible".
Désolé les manos, la hype ne m'intéresse absolument pas, moi je ne m'intéresse qu'au texte. Son moins bon, certes, mais quoi, qui ne sort QUE des bons livres ? QUE des bons films ? QUE des bons disques ?
Soyez un peu sérieux, les gens...

Katarina a dit…

Quel que soit le pays et non pas quelque soit le pays. Tu veux être le prof de français au Japon ?

Envoyé de mon iPhone

Alexis Hassler a dit…

@RP : Forcément, l'élément de comparaison est important mais se mesurer à la médiocrité c'est un peu un signe de médiocrité également. Bien entendu que tes articles, n'importe lequel même, sont meilleurs que ceux d'un ado sur skyblog. En même temps, comme dit Corneille dans Le Cid, "A vaincre sans péril, on triomphe sans gloire".

Pour revenir au dernier Houellebecq, je l'ai lu car j'ai lu tous ses livres et que j'apprécie beaucoup cet auteur (Goncourt ou pas, de toute façon les prix littéraires sont des manœuvres d'éditeurs...bref, on s'en branle). Les précédents étaient déjà moins bons que ses premiers, les deux premiers (les meilleurs). Mais là, d'où ma colère, ça pue le formatage à plein nez. Pas de sexe (ça fait SAS donc littérature bas de gamme, on épure pour le changement et gagner en respectabilité) + pas de prises de position "borderline" (pro-clonage, Rahel est sympa...) + pas d'analyses sociologiques pertinentes...c'est vide, même pour du Houellebecq. Honnêtement, j'ai souffert, surtout la seconde partie qui devient une sorte de polar chiant affreusement pénible. Il n'y a que la propre mise en scène de Houellebecq que j'ai trouvé intéressante mais c'est faible.

Je ne suis pas un "rageux" comme tu dis, juste j'ai des yeux et un cerveau. Houellebecq n'a jamais caché ses intentions envers le Goncourt (pour lui c'est un moyen de toucher un très large public car, je résume, le Goncourt est une institution respectée). De toute façon, comme je le disais les prix on s'en branle (et je ne tiens pas à m'enfermer dans cette question sans intérêt), le plus grave c'est que c'est un roman qui n'a plus rien de houellebecquien justement. En même temps, de la part d'un type qui a écrit un livre avec BHL, on pouvait commencer à s'inquiéter d'un tel changement.

La question n'est pas, "qui ne sort que des bons livres", c'est faible ça, mais plutôt l'analyse du texte (comme tu le dis) qui compte. J'ai commencé, rapidement, je pourrais poursuivre. Mais dans des commentaires, c'est un peu chiant.

 
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