vendredi 25 mars 2011

Intimacy et Privacy sont dans un bateau...


Tu le sais, entre deux exercices de piano, je trouve toujours le temps de mettre un peu de sociologie dans mon Japon.
Il y a la socio qui passe à la télé pour éduquer les foules, et puis il y a ma socio à moi, pour répondre à des questions que tu ne t'es jamais posées ou dont l'importance ne paraissait pas digne que tu y accordasses plus de temps qu'il n'en faut pour éclater la Emerald Weapon...

Mais j'aime bien quand tu dis "AH OUUUUUAAAAAAIIIIIS, OKAAAAYYYYY !".
C'est ma récompense à moi.

J'ai donc un ami qui a concrétisé cette semaine une amitié Facebookienne avec cette actrice porno Japonaise dont il partagea naguère les joies d'un tournage à l'arrache : 3 jours à Paris, pas de dialogues écrits, pas de local réservé et annulation d'acteur à la dernière minute.
Paie ton professionnalisme.

Cet ami s'étonne donc que ladite actrice ait choisi comme photo de profil un de ces fameux clichés "grand angle" dont raffolent les bloggeuses Japonaises, sachant que, niveau photo, la nana a évidemment bien d'autres trucs sous la main que sa face ichtyomorphée par son keitai.

Le public est donc en droit de se demander comment au pays de la photo on se retrouve constamment avec QUE des gros plans et des tronches prises à bout de bras. Certains s'en sortent mieux, mais globalement on n'a pas affaire à des Cartier-Bresson en herbe.

C'est là que je t'explique que tous ces clichés grotesques ne sont pas le fruit d'une malhabileté génétique commune à nos amies radioactives (alors que pour la conduite en voiture, si : t'es une femme, tu conduis comme une merde. C'est un fait, comme dit mon ami Kamui citant Zemmour), mais bien un élément culturel.

Reprenons l'exemple de notre charmante Aya, jamais avare de te montrer les trucs qu'elle met dans sa bouche du moment que ça se mange pas à genoux : en consultant un large échantillon* des photos qu'elle prend et met à ta disposition (tu noteras ma pertinence lexicale naturelle lorsqu'il s'agit de se servir d'un moteur de recherche), que constatons-nous ?

Tu sais à quoi ressemble sa dernière coupe de cheveux, sa dernière manucure, son téléphone portable, son chien, son dernier repas, sa garde-robe, tu sais même à quoi ressemblent ses doigts de pieds ou ses abdos.

Mais à quoi ça ressemble chez elle, t'en as aucune foutue idée.

Les gros plans, ça sert à ça : préserver son intimité. Les Japonaises te montrent uniquement ce qu'elles veulent te montrer et plus leur tête remplit l'espace photographique, moins tu verras le tableau derrière, l'état de leur cuisine, la couleur de leur salon.

Just according to keikaku.
RIP Maître Capello
*Si tu trouves mon échantillon pas suffisant, prends ta dose de moe ici.

samedi 19 mars 2011

Parabole...

Tu es peut-être au courant, en ce moment les gens parlent beaucoup de radioactivité, de nucléaire, de radiations, tout ça.... Des dangers sur lesquels tout le monde ne s'accorde pourtant pas.

J'ai de bonnes raisons de penser que le Japon a depuis longtemps des problèmes un peu plus immédiats et sérieux s'appliquant à toute sa population.

Je te laisse avec un film complètement fictif (rien à voir avec le Japon réel, donc), plein de petites phrases marrantes et fictives, comme :

- 29歳から始まる「悲しい秘密」 ("un poignant secret qui commence à 29 ans")
- 女にしか分からない ("seules les femmes peuvent comprendre")
- 美の崩壊は女の終り ("le déclin de la beauté, c'est la fin pour une femme")


samedi 12 mars 2011

Tragédie.


Évidemment, la nouvelle a surpris tout le monde.

Oh, c'est pas comme si on n'avait jamais eu connaissance de l'inéluctabilité de la chose ; il y a des phénomènes prévisibles, attendus, et on sait que, tôt ou tard, ça nous tombe sur la gueule.

Mais cette semaine, là, comme ça, tout d'un coup ?

Les premiers surpris, évidemment, c'était ces cons de médecins : ils avaient dit qu'elle passerait pas la semaine, mais c'était il y a 2 semaines de ça déjà... LOL.

En fait, c'est ça le truc avec les vrais vieux, ceux qui ont connu la guerre, qui ont appris à vivre de rien et à se passer de tout, juste tu peux pas les tester. C'est pas eux qui meurent du cancer, ou de ces maladies qu'on attrape en restant devant sa télé. Les vrais vieux, c'est 100% fibre de survivor inside.

Ma grand-mère est donc morte cette semaine, à 102 ans.

Mais tu sais bien que ce qui est important, c'est jamais les gens qui meurent (il y a des gens qui meurent tout le temps, t'as même pas idée. Genre au moins 250.000 par an de la grippe, me dit Wikipédia. DEUX CENT CINQUANTE MILLE, mec, c'est pas rien quand même !).

Ce qui est important, c'est évidemment les gens qui sont vivants, ceux qui construisent, qui enseignent, qui transmettent, ceux qui aiment, souffrent, jouissent et prennent soin.
Ceux qui restent, quoi.

Tu comprendras donc que ma période de deuil dure rarement jusqu'au bout d'une tablette de chocolat (c'est ma nouvelle unité de mesure temporelle : la tablette de chocolat et le temps qu'il me faut pour la manger. Par exemple, un épisode de dessin animé, c'est 5 tablettes).
Même quand c'est du proche, de la famille, de l'ami, de l'animal de compagnie, rien à battre.

La mort, c'est un concept à intégrer, comme cet instructeur de chez Zebra qui, ne voyant pas un élève arriver sur le circuit le jour de la leçon lance, tout simplement : "il est peut-être mort".
Intégrer le concept de mort, c'est important pour un motard.

Enfin, je sais pas pourquoi je te raconte tout ça, vu que ça a aucun rapport avec le Japon...
see what I did there ?

mercredi 2 mars 2011

Socio-sociologie (article sérieux).


De toute façon, tu sais bien que je réserve mes articles de porno-sociologie à ForumJapon...

Tu te souviens sûrement de mon article sur "l'Empire des sans", ou comment il y a des gens qui font plus d'efforts pour trouver un titre sympa à leur reportage que pour y mettre du contenu pertinent.

Il y avait ce passage sur l'Homo Japonicus qui va se faire curer les oreilles et le journaliste de nous parler de "maternage".
Je lui avais mis le nez dans son caca, certes, mais depuis... Ça me hante.
Je me dis : "mais vraiment, le mec il a peur de rien, quoi".
Et comme disait l'ami Lino : "les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît".

Du coup, j'ai pris peur : "peut-être que le mec il va avoir le culot de faire UN AUTRE reportage sur la société japonaise". S'il promet de mettre du sexe dedans, qui osera lui dire non ?

Alors, au cas où, je t'explique pourquoi l'Homo Japonicus va se faire curer les oreilles :

1) je veux ma part du gâteau aussi.
Le Japon, contrairement à la France, est une société de services. Concrètement, qu'est-ce que ça veut dire ?
Ça veut dire que ton boulot, c'est de torcher le cul des gens du matin au soir, et avec le sourire. Ça veut surtout dire que tu dois être disponible.
C'est le premier élément, alors retiens-le bien.
Quand tu vas au combini du coin, le service ne tient pas tant à la personne qui est derrière la caisse qu'au fait que le magasin lui-même est ouvert pour te proposer ses denrées à toute heure du jour et de la nuit. Bon.
Globalement, c'est pareil pour tous les magasins style supermarché, restaurant, etc.

En revanche, il y a également les services à la personne : le coiffeur, le masseur, le médecin, la kyabajô, etc. Des vrais gens qui ont un autre rapport avec le client que tu es qu'un simple "irasshaimase". Quand tu fais partie de ce monde-là, tu n'es pas seulement dans "le boulot", parce que ton boulot dépend pas de ta présence horaire, mais de tes performances en tant que fournisseur de services à la personne.

Alors il y a un moment où, toi aussi, tu voudrais profiter de ce genre de services, toi aussi tu veux ta part du gâteau, ce morceau de vie où la société prendrait soin de toi comme tu passes ton temps à prendre soin des autres.
Et les kyabajô d'aller finir la nuit chez leurs homologues masculins.

2) je veux qu'on me foute la paix.
Je te l'ai dit : dans une société de services, tu es le gars dispo. Dispo pour ton boss, dispo pour ta femme, dispo pour tes gosses, dispo pour tes amis.
Pas une seconde de répit.

Des fois c'est dimanche soir mais tu dois prendre ton vélo pour aller distribuer des flyers pour ton entreprise jusqu'à 4h du matin, puis te lever à 7h pour recommencer la semaine.
Des fois tu veux regarder tranquillement le base-ball à la télé, mais tes gamins viennent te tirer la manche et te demandent de venir jouer avec eux, tandis que ta femme te raconte sa life ou, pire, t'explique comment elle kifferait de partir en voyage en France ou d'acheter un nouveau sac Vuitton. Ou n'importe quoi d'autre.

Putain, mais y a pas moyen d'être peinard dans ce putain de pays ?!

Non. Pas gratuitement, en tout cas. Car au Japon, la privauté et l'intimité sont des biens de consommation. Alors si tu veux du temps pour toi rien qu'à toi, il faut aller dans des enseignes spécialisées dans le temps pour toi rien qu'à toi.
Société de services, bitch.

Donc le salon où tu te fais curer les oreilles, c'est AVANT TOUTE CHOSE l'endroit où tu vas être autorisé à éteindre ton portable, l'endroit où tu prends rendez-vous à l'avance pour réserver tes 30 minutes de personne-vient-te-faire-chier, ton espace-temps de relaxation au milieu d'un univers de stress. Ton espace-temps de non-performance.

Voilà pourquoi tu vas dans ce genre d'endroits.

Alors tu vas me dire : peut-on considérer l'aspect du maternage comme complètement absent de pratiques ayant leurs références dans la période de l'enfance et impliquant de surcroît un personnel féminin comme le curetage d'oreilles ou le shampoing ? Aller au soapland n'est-il pas également un renvoi à cette période où l'enfant prenait son bain avec sa mère ?

J'excuserai alors bien magnanimement ta naïveté en t'expliquant que le mec qui va au soapland n'y va pas tant pour y prendre un bain que pour se faire sucer la bite, activité qui – espérons-le – ne le renvoie pas à son passif familial.
Moi aussi j'ai pris des bains avec ma maman, moi aussi j'ai eu droit à ma maman qui me faisait des shampoings quand j'étais trop petit pour bien comprendre le rapport entre les lois de la gravité et le shampoing qui coule piquer tes yeux, mais quand je vais chez le coiffeur aujourd'hui, c'est pas tant pour avoir une nana qui fait l'amour à mon cuir chevelu (toi-même tu sais : 99% de chances de tomber sur un mec) que parce que se couper les cheveux soi-même relève de la gageure et que c'est quand même mille fois moins chiant quand c'est quelqu'un d'autre qui s'en occupe.
Et j'ai autant l'impression d'y être materné que quand je commande des trucs sur le net.

Mais si toute forme d'assistance par une femme relève du maternage, pas de souci, j'ai rien contre cette interprétation non plus, sauf que tu seras gentil de l'appliquer uniformément, pas juste quand tu vois un salaryman la tête sur les genoux d'une employée de curetage. Est-ce que tu irais le soupçonner de quoi que ce soit quand il va se faire plier en 4, torsepoil, par son ostéopathe ?

Bon, alors.

Après, bien sûr, tu peux tomber sur le mec qui veut passer sa vie la tête enfouie dans une paire de gros seins bien moelleux et qui suce son pouce en position fœtale la nuit, après s'être vidé les couilles devant un classique Madonna.
Lui, OK pour le maternage.

D'ailleurs, Tonton Freud est formel :

 
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