dimanche 16 septembre 2018

Ragnarök

Allégorie du moment

Voilà maintenant 2 semaines que je suis sans nouvelles de Valkyrie, son dernier message m'expliquant qu'elle ne pouvait plus discuter de ses problèmes sans fondre en larmes, plus dormir sans médicaments, plus penser clairement.

Ses problèmes sont d'ordre professionnel, parce que quand tu bosses correctement, tu te rends rapidement compte que tu es souvent le seul, et que les gens qui ont le pouvoir de t'aider ne le font qu'à contrecœur si jamais ça leur demande le moindre effort. Parce que l'égalité à la japonaise, c'est quand tout le monde est perdant.

Je l'ai déjà évoqué, mais il est temps désormais de mettre les choses au clair :

Le karôshi (過労死) n'existe pas.

Les gens ne meurent pas de trop travailler et de ne pas assez dormir, comme nous le démontrent tous les jours les pays du Tiers-monde, où les pauvres travaillent effectivement trop et ne dorment pas assez, mais ont le bon goût de rester en vie pour continuer à fabriquer nos baskets et nos iPhones.

Mais "travailler", au Japon, c'est positif, donc on garde ce côté "il s'est sacrifié pour l'entreprise" et on met une belle étiquette "karôshi" qui a l'avantage d'élever le mérite des sacrifiés et de laisser tranquille les coupables.

Allégorie du moment, bis

Le karôshi, donc, n'est qu'une invention lexicale, un concept, un slogan. Pas une réalité.

Ce qui existe, en revanche, c'est la dépression. Mais un peu comme l'homosexualité en Iran, il n'y en a pas au Japon, ça se saurait. Parce qu'au Japon, personne n'a de problème psychologiques, tu penses. Tout au plus un caractère difficile lié à son groupe sanguin. Pour traiter un problème, il faut d'abord l'identifier et ça, au Japon, on sait pas faire, surtout quand ça concerne notre race supérieure, donc bien évidemment on n'est pas du tout alcooliques, on n'a pas le SIDA, et on n'a pas besoin de psys, merci bien.

Alors on garde Tarô à la maison, cloîtré dans sa chambre parce qu'on a honte et qu'on veut pas que les voisins le voient et posent des questions sur notre ménage parfait, jusqu'au jour où il massacre toute la famille. Et on prend sur soi, jusqu'à la mort.

J'espère ne pas être le témoin d'une nouvelle victime.
 
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