dimanche 20 décembre 2009

Fantasmes sur l'école japonaise (part.1)

Je suis un gros fan de tous ces anime "tranche de vie" (Azumanga Daiô, Clannad, Kare Kano, Bamboo blade, etc.) qui te présentent le quotidien des collégiens/lycéens japonais.

Je sais qu'on te pourrit avec les "grandes universités japonaises", que les mecs de la Tôdai sont soi-disant des putain de cerveaux mais, en vrai, l'université japonaise est un mythe.
Il n'y a pas d'universités au Japon.
La preuve, tu auras remarqué que dans les anime, l'université n'existe pas : sitôt qu'un personnage entre à l'université, il s'auto-détruit et on n'en entend plus jamais parler. Dans Clannad, l'astuce est donc limpide : le héros est un cancre et il abandonne ses études après le lycée pour entrer directement dans la vie active. Ah ah, comme c'est bien trouvé.

Pas étonnant que personne n'entre dans ces grandes universités, puisqu'elles n'existent pas ! D'ailleurs, c'est plutôt rassurant, parce que vu la taille du complot, on peut complètement supposer que ces "universités" soient du genre "The Island" ou "Soleil Vert", tu vois, genre depuis que ton meilleur ami est entré à l'université il ne donne plus de nouvelles (il a tellement de travail) et les sushi de ton combini sont devenus bien meilleurs...

Mais revenons à nos lycéens.

J'aime cette vie écolière par procuration et comme je ne suis sans doute pas le seul, nous allons essayer d'analyser la situation :

1) Tout est bien qui finit bien. Si j'étais un écolier japonais, peut-être que j'aurais une vie complètement dégueulasse, que je me ferais tabasser tous les jours et que je finirais par me suicider en avalant des poches de silicone (France2 m'a dit que ça arrivait...), mais dans les anime, rien de tout ça : les gens sont tous gentils et serviables, le héros a forcément au moins 2 nanas à ses basques et les méchants bizuteurs rentrent dans le rang pleins de remords ou subissent la loi du karma.
Bref, être lycéen dans un anime, c'est que du bonheur. Jamais tu vas en juku, jamais tu foires tes exams, jamais tes vieux te font chier, ou si ça arrive, tout cela est sans conséquences. Fais-moi rêver.

2) Le rapport à l'école est différent de celui que nous connaissons en France. Un aspect non-négligeable de la force motrice de ces anime est le rapport à l'école en tant qu'institution et symbole d'appartenance.
Par exemple, l'uniforme. Quand je vois des gamins dans la rue, je sais pas forcément à quelle école ils vont. Au Japon, si. Chaque école a ses couleurs et quand tu vois des ados en uniforme, tu peux les rattacher à une école sans même les connaître. Est-ce que tu piges le système : avant d'être toi-même, tu es "membre de". On te définit d'abord par ton appartenance à un établissement scolaire plutôt que par n'importe quoi de personnel. C'est pourquoi le personnage du rebelle ou du voyou porte toujours une coupe ou une couleur de cheveux singulière et détourne l'uniforme de sa fonction première, "uniformiser", en gardant sa veste ouverte par exemple. Chercher à affirmer ton identité fait de toi une forte tête et donc potentiellement quelqu'un de dangereux (pour la société).

Ce rapport est amplifié avec le phénomène des clubs, auxquels il est fortement recommandé de s'inscrire et qui constituent une deuxième vie, puisqu'ils monopolisent toutes tes soirées (entraînement), tes week-ends (tournoi) et même tes vacances (camp d'entraînement).
Là encore, tu ne vas pas pour défendre tes capacités personnelles mais pour représenter ton établissement. Tu n'es qu'un rouage de la machine et c'est bien pour ça qu'on te met autant la pression : l'enjeu de ta performance dépasse ta petite personne, c'est la réputation de ton établissement que tu défends, avec toute son histoire (pas trop lourd à porter, hein...).

Heureusement, dans les anime, ou tu gagnes et tu deviens un héros, ou tu perds et tu passes à la phase 2 : faire mieux la prochaine fois. La victoire, ce n'est pas japonais ("la noblesse de l'échec", tout ça...). Ce qui est japonais, c'est de faire de ton mieux et d'aller au-delà de toi-même pour une cause juste puisque institutionnelle (l'individu disparaît, l'institution est éternelle). La logique étant la suivante : c'est parce que tu défendais ton école que tu as pu aller au-delà de toi-même. Donc même si tu es un surdoué, que tu as fait une perf' de super-héros, tout le mérite en revient à l'école, qui a su si bien développer ton talent et te montrer la voie à suivre pour que tu puisses t'épanouir pleinement.
Ça t'apprendra un peu la modestie.

3) Le rythme. Tu n'auras pas été sans remarquer que l'année scolaire est rythmée par des événements récurrents : la journée du sport (体育の日), la visite médicale, la fête culturelle (文化祭), le voyage de fin d'année, etc.
On passe là de l'univers macrocosmique (défense de ton école au niveau régional et national) à l'univers microcosmique (défense de ta classe contre les autres classes du même établissement).
Tout ceci a pour but de renforcer la cohésion de groupe, les préparatifs étant réalisés par les élèves.
Au cœur de ce microcosme, le professeur principal, qui a un rôle un peu plus important que celui que nous connaissons en France : le prof principal, c'est pas seulement celui que tu vois le plus souvent, il peut te convoquer personnellement, te pourrir la vie ou te mettre sur la voie de la réussite. II participe au groupe au même titre que les élèves et se rapproche de ce que tu as pu connaître en primaire.

Tous ces éléments font que l'école n'est pas seulement un lieu où tu vas étudier et voir tes potes, c'est un lieu que tu vas entretenir. Tu appartiens à l'école, et l'école t'appartient.

Bien entendu, tes années scolaires sont encadrées par une cérémonie d'ouverture pendant laquelle tu te fais chier, et une cérémonie de clôture pendant laquelle tu chiales comme une madeleine.

Ajoute les quelques touches d'exotisme (les casiers à chaussures, pour mettre des punaises ou déposer des lettres enflammées), de la musique (ah ouais, ça c'est un truc, dans la vraie vie t'as rarement des BGM), une petite dose d'improbable, et tu obtiens un package à succès.

jeudi 17 décembre 2009

Un peu de culture ne nuit pas...


Comme je te l'ai déjà dit ailleurs, le quotidien japonais est imprégné de certains éléments culturels.
Notamment les contes.

Je vais donc te parler aujourd'hui de Urashima Tarô, auquel je faisais moi-même allusion dans un précédent article (et si tu n'avais pas compris l'astuce du titre, on se demande bien comment t'as fait pour obtenir ton JLPT 1).

Urashima Tarô, en deux mots, est un jeune pêcheur qui sauve une petite tortue de la maltraitance ("les enfants sont cruels", comme disait Jacques Martin) et la rejette à l'eau. La mère de la tortue vient le remercier et l'endosse jusqu'au Palais de la Mer, où il est reçu avec faste par Otohime, et rien que savoir ça te rend déjà plus cultivé qu'un diplômé de l'Université de Kyôto.
Après avoir passé 7 jours au Palais, Tarô se languit de son village, victime du fameux "Syndrôme du Palais de la Mer", comme tant d'autres Japonais en exil.
Otohime lui remet une boîte avant qu'il ne parte, en lui ordonnant de ne pas l'ouvrir. OK, tu me files un cadeau mais je dois pas l'ouvrir, WTF ?!
Arrivé dans son village, Tarô ne reconnaît plus rien et lorsqu'il demande où est la maison d'Urashima Tarô, on lui dit que le pauvre garçon a disparu et n'est jamais revenu, mais c'était il y a cent ans.
Tout abasourdi par le calcul mental de la durée d'une journée au Palais de la Mer (100*354/7, de tête, euh.... 5057,1428 jours ?), Tarô oublie les recommandations d'Otohime et ouvre la boîte.
S'en échappe alors une épaisse fumée blanche et Tarô prend 100 ans dans la gueule.

Il y a un tas de détails autour de cette histoire (genre Tarô retourne ensuite au Palais de la Mer), mais je te la fais rapide, parce que ce ne sont justement pas les détails qui nous intéressent.

Ce qui nous intéresse, ce sont les éléments de base, ceux que tu vas pouvoir balancer n'importe où, n'importe quand, et tout le monde va piger la référence.
Un sauvetage de tortue (Dragon Ball, tome 1) ? ⇒ Urashima Tarô !
Une boîte, de la fumée, un vieux ? ⇒ Urashima Tarô !

Par exemple, sur cette publicité de Sakura Fudôsan (en tête d'article), tu n'as pas besoin de savoir que la mascotte ressemble d'habitude à ça.

Les éléments suffisants sont :


- 1. Le décor ! UrashimaTarô est un pêcheur. Le décor de la plage te situe déjà hors de la réalité (tu mates cette affiche dans le métro de Nagoya), t'amenant à changer ton référentiel.
- 2. Une boîte ouverte d'où s'échappe de la fumée : cet élément ajouté au décor de la mer, ton cerveau a déjà compris la référence.
- 3. Le vieux, évidemment, indispensable personnage (sinon, quel intérêt ?). A ce moment, tu noteras que ton cerveau ayant déjà compris où on l'emmenait, le personnage peut être n'importe quoi ; ici, c'est un arbre (un cerisier), mais ça pourrait être une voiture, une nana, un animal, n'importe quoi puisque tu sais déjà qu'on a replacé le produit dans le contexte du conte.
- 4. La petite touche pour ceux qui comprennent vite quand on leur explique longtemps : la tortue.

Et voilà comment on te refile de la référence non-stop au Japon.
Si tu veux t'entraîner un peu et te cultiver, check ça.

dimanche 6 décembre 2009

Tenki ga ii kara, sanpô shimashô...

Je sors du JLPT (1-kyû, hein, restons un peu sérieux), eh ben les manos, tout Robert Patrick que je suis, je peux vous dire que si j'étais parti dans l'espoir d'un 100%, maintenant je croise juste les doigts pour l'avoir !

Un JLPT tout comme il faut, avec ses bonnes vieilles expressions de grammaire que personne n'utilise, même pas les gars qui écrivent des livres (et crois-moi, niveau littérature, j'ai donné récemment...), et bien sûr ses réponses que même si on te dit qu'il y en a une de bonne dans le tas, elle est quand même limite hors-sujet, du pur bonheur.

Du coup j'ai complètement surfé sur la vague du total guessing, que ç'en était comique.


D'ailleurs niveau comique, les mecs nous ont gâtés pour la section audio, on entendait les gens serrer les fesses pour pas exploser de rire. Laisse-moi te dire que les gars qui font les sujets d'examen, ils savent très bien à quel public ils s'adressent....

Franchement, si c'était pas aussi cher, je me le ferais bien tous les ans, ce JLPT, tellement c'est fun. Et puis on en profiterait pour faire des after, déconner entre japonisants tout laids (ah ouais, ça je t'ai pas dit, mais les mecs qui naviguent dans les hautes sphères du japonais, c'est pas que des Apollons, hein), mais bon, à 60€ les 4 heures, on va essayer de l'avoir cette fois-ci pour pas remettre le couvert en version hard.
 
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