vendredi 16 juillet 2010

Démotivator.


En ce moment, je suis en recherche très active pour du travail au Japon (si tu as un bon plan, n'hésite pas). Donc je remplis des CV.

Et ça, c'est un truc, au Japon, tu as pas encore commencé à remplir ton CV que t'as déjà plus vraiment envie de travailler pour les CONNARDS qui ont posté leur annonce, tu vois.

L'annonce s'adresse à un étranger (par exemple, moi). Nonobstant, les gars s'intéressent (ou en tout cas te demandent de remplir les champs ad hoc) à l'école primaire que tu as fréquentée, avec évidemment chaque année détaillée. Et comme ils s'intéressent vraiment à toi, tu seras gentil de leur transcrire tout ça en japonais.

C'est-à-dire que ces gens considèrent comme déterminant dans ta carrière l'école primaire que tu as fréquentée. Si, ne nie pas, s'ils pensaient que ça n'avait aucune importance, ils te le demanderaient pas.
Si encore l'annonce s'adressait à un Japonais, je comprendrais : ils ont un système scolaire classé, avec un barème pour chaque école, c'est leur pathos perso, pourquoi pas ? Je serais bien de mauvaise foi de leur accorder le droit à des DVD pédophiles et de leur nier celui à des classements d'écoles.

Mais là c'est une annonce pour ÉTRANGER, comprends-tu ?! Ils vont faire quoi ? Appeler mon école primaire pour leur demander si j'étais un bon élève, hein ? Et avec ma transcription, ils vont faire quoi ? Un Google Map pour voir si l'école existe, vérifier si elle est pas trop loin de mon adresse actuelle ? C'est quoi le projet, les mecs ?

J'ai compris pourquoi ils ont une petite bite : c'est pour mieux pouvoir ENCULER LES MOUCHES !

Je te passe les cadres de 10 caractères à peine pour pouvoir transcrire ton adresse complète (là encore, hautement utile d'avoir ton adresse en japonais, ou alors pour être sûr que le courrier n'arrivera pas), le cadre de 50 caractères maxi pour raconter tes expériences professionnelles... Juste si tu cherchais de la pertinence, ben tu peux encore chercher, va.

Alors du coup c'est bien embêtant, parce que toi tu vois une annonce, t'es super motivé, et puis quand il s'agit de faire le premier pas vers la réalisation de ton objectif, ben t'es déjà prêt à jeter l'éponge.

Oh, tu pourrais en pondre, des pages de japonais, des explications de ta carrière, tu pourrais les réussir haut la main, ces entretiens qui glacent d'effroi le premier salaryman venu.

Mais le CV, juste non, quoi.

Japon, Japon, quand donc mettras-tu ton génie créatif au service du bon sens ?

vendredi 9 juillet 2010

Fais-moi pleurer.

Ouais, je sais, je devrais pas poster aussi souvent, je nique mes stats et tout, mais là il est 1h30 du matin et comme il fait trop chaud pour dormir, trop chaud pour bouger mes doigts sur ce qui m'occupe en ce moment, trop chaud pour bosser sur mon prochain roman (680 pages, paie ton année de trad'...), alors je check les photos qu'il me reste et les articles potentiels à écrire.

Mouaif.

Figure-toi que quand j'apprenais le japonais, il y a un peu plus de 10 ans, LA référence en matière d'animation japonaise c'était Miyazaki Hayao. Je veux dire par là que le Studio Ghibli avait pas encore sorti assez de films pour qu'on remarque le foutage de gueule.

Si si, tu sais bien, la récupération de séquences d'un film à l'autre, les mêmes plans, la recette Disney appliquée à la lettre, quoi.

A l'époque, mon tuteur m'expliquait que le principe des films Ghibli, c'était que le succès d'un film servait à financer le suivant, donc l'échec n'était pas envisageable.

Sauf qu'aujourd'hui tu rentres dans n'importe quel magasin de type SOHO et tu tombes sur ça :


Et toi-même tu sais comment ça se vend par dizaines de millions, ces saloperies de peluches. Au pays du kawaii, on n'a jamais trop de babioles Ghibli dans la maison.

Le musée Ghibli tellement blindax qu'il faut réserver, les peluches déclinées à l'infini, le lavage de cerveau avec les musiques régulièrement utilisées dans 1 milliard d'émissions de télé, quand c'est pas en non-stop dans ta face pendant une année entière (ça t'avait manqué, hein ?), les cellulos qui se vendent au prix d'une bagnole, tu crois que tu peux encore me faire pleurer avec ton statut d'artiste de l'animation qui lutte pour sortir son prochain long ? Please...

Et là, évidemment, le nouveau film va sortir, moi qui pensais trouver un boulot de prof au Japon, je crois que je vais plutôt m'orienter vers un boulot de mineur, tu vois, histoire d'être tout au fond d'une grotte, loin de toute civilisation, peut-être que ça me permettra d'échapper à la lobotomie Ghibli 2011...

jeudi 8 juillet 2010

Les gens qui doutent de rien.


Première fois que je me fais emmerder au Japon. Par un Noir.
Je veux dire, y a combien de Noirs au Japon ? C'est quoi la probabilité, hein ? Surtout si t'enlèves ceux que je connais et qui sont plutôt du genre bon fils de famille travailleur, tu vois, le genre à parler 8 langues et à habiter un pur appart' à Ginza.

Donc au Japon, à 10.000 bornes de chez moi, je me fais emmerder par une petite frappe, une racaille. Ça valait le coup de se taper 12h d'avion, moi qui habite à quelques minutes des cités essonniennes au bord de la guerre civile...

Je te raconte.

Tandis que je suis plutôt à l'aise dans le Kansai, mon fidèle Tarô, lui, serait plutôt du Kantô. Mais quand je dis "le Kantô", tu dois bien sûr comprendre "Tôkyô". Même quand il chope de la femme de Gunma, c'est sur la capitale française. La définition de l'urbanité, te dis-je.

Nous étions donc à la recherche d'un bar dans le quartier de Golden Gai, mais toi-même tu sais : toutes ces petites rues, c'est un putain de labyrinthe, surtout quand tu ne viens qu'une fois par an.

Nous passons donc une première fois dans Kabukichô, essayant d'éviter les rabatteurs nigériens mais, incapables de trouver le bar, on repasse fatalement devant lesdits rabatteurs (qui couvrent tout le quartier, vu que c'est leur taff).
Et là, c'est un truc que tu dois savoir : le boulot de ces mecs, c'est de te faire consommer de la meuf (genre on a besoin d'eux pour ça, je rêve...). Donc si tu es avec une nana, ils ne t'approchent même pas, mais si tu es juste 2 mecs, ils se montrent insistants, voire relou.

Et là ça rate pas, le mec nous lâche pas la grappe, il nous demande où on va et nous, vu qu'on est paumés, on lui dit ce qu'on cherche. Il se propose donc de nous guider.

Moi, naïf (ça, c'est un truc que tu dois savoir sur moi : je suis grave naïf), je pense qu'il va nous accompagner jusqu'au coin de la rue, nous dire : "voilà c'est tout droit et après vous prenez à droite, et puis à gauche" et qu'il va nous souhaiter bon vent.

Mais en fait, non.

Le mec nous guide pas, il nous accompagne. Donc on discute tout le long, et là je sens qu'au moment de se séparer il va y avoir une couille (ouais, ça c'est un truc que tu dois savoir sur moi : je sens bien quand quelqu'un prépare un sale coup).

Ça rate pas : arrivé devant le bar, le mec commence à nous demander un dédommagement pour avoir quitté son poste et nous avoir accompagnés jusqu'au bar qu'on cherchait.

Pour que tu voies un peu la scène : le mec est gaulé comme un marine, a une tête patibulaire et une posture, mais un truc, même dans les clips de rap tu vois pas ça.
Et le mec nous demande du blé.

LOL.

Ben ouais, mec, même si à l'époque j'avais 30 kilos de trop (alors qu'en ce moment je ressemble plutôt à ce petit coq de Cristiano Ronaldo), le gars avait juste pas compris à qui il s'adressait.
Le gars a juste pris Robert Patrick pour un putain de touriste, quoi !

Ouais mais non, connard. Tu me demandes pas 1000¥ pour un service que je t'ai pas demandé alors que n'importe quelle grand-mère m'aurait fait la même gratos.
Tu me parles pas mal au Japon alors que t'as pas la couleur locale : y a 128 millions de personnes qui demandent qu'à être cooles avec moi et toi, un étranger, tu crois que tu vas me casser les couilles ? Tu crois que tu vas me menacer ? Moi, qui écoute NTM ?! Tu crois qu'tu vas avoir la peau d'mon fucking crew ?! Balletringue, va.

Alors je l'ai regardé droit dans les yeux, et je lui ai dit d'aller voir sa mère, parce qu'elle faisait des gaufres.

Sans blagues !

Ça vaut pour lui comme ça vaut pour toi : je me fous de ta couleur de peau, t'es étranger dans un pays, tu la joues profil bas. Surtout au Japon.
 
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