samedi 11 août 2012

Cruel Summer


Comme le relatait un ami comédien après avoir copieusement enculé une foraine complètement nympho (une nymphoraine ?) : "c'était un feu d'artifice !".

L'été est donc cette période de l'année propice à la sodomie et à la pyrotechnie, et c'est à qui passe son décret liberticide pendant que tout le monde est à la plage, qui t'invite à assister au spectacle de tes impôts investis en pétards, roquettes et autres fumisteries artificières. Heureusement que c'est la crise, hein.

De ce côté, le Japon s'enorgueillit de feux d'artifice d'exception, que même ceux de seconde zone ridiculisent une ouverture olympique, se fendant même d'une touche kawaii et tôkyôïte à base d'explosions représentant Pikachu et des pokéballs, que l'on appelle localement "monster balls" (WTF ?!). Ce pays – l'ai-je déjà mentionné ? – c'est n'importe quoi.

Rassemblant petits et grands autour des rituelles yakisoba, cet événement suscitant les vivats, commentaires et rapprochements physiques au rythme d'un moriagari fibonaccien peut cependant être gâché par la célèbre incompétence policière japonaise, bruyante engeance t'engageant tour à tour à parquer ton cul à l'intérieur d'une enceinte disposée de façon à ce que tu ne puisses rien apprécier du spectacle, puis à t'asseoir où tu veux puisque de toute façon tout le quartier est bloqué, pour enfin venir retirer les barrière bleues délimitant l'enceinte susmentionnée avant le final. Ces barrières ne servaient donc à rien depuis le début.
Ô brigadier japonais appliquant diligemment les ordres sans chercher à les comprendre ou à les humaniser le moins du monde, je te dédie ces quelques vers du poète de la banlieue nord :

Police
Machine matrice d'écervelés
Mandatés par la justice
Sur laquelle je pisse

Tu es à présent en droit de t'interroger sur mon choix d'illustration : hé, quoi ? Où sont ces feux qu'on nous vante ? Sur 1 heure de spectacle il y avait bien de quoi prendre quelques étincelles en photo !

C'est que, vois-tu, cette façon qu'ont les gens de photographier – à plus forte raison avec leur téléphone portable – les feux d'artifice reste pour moi un mystère : à quoi ça sert ?
Aucune photo de Princesse ne te fera comprendre le renversement des éléments lorsqu'elle entre dans le bureau et que se mêlent en une même déflagration sa voix qui dit bonjour, son parfum qui s'infiltre en toi et la surprise de sa tenue, de sa coiffure.
Pareil pour les feux d'artifice : comment rendre cette illusion de proximité qui te fait crier malgré toi aux sphères les plus hautes, les plus grosses, les plus bruyantes et les plus colorées, respectant en cela les lois sociologiques qui veulent qu'on admire les différentes explosions comme on admire les siens : si tu veux briller, il faut briller tout en haut. Personne ne remarque les feux de Bengale.


Comment rendre avec une vidéo le vacarme désynchronisé qui te fait sursauter et serrer inconsciemment le bras de ton partenaire ? Tout cela me paraît bien futile et je soupçonne les Japonais de ne regarder ce monde à travers le minuscule prisme de leur appareil que pour se donner une contenance.

3 commentaires:

coyote a dit…

Je suis ce blog depuis un petit bail. Laisse-moi juste te dire que cette note est énorme, inspirée, brutale dans son début et lyrique par la suite.
Continue comme ça, le Japon te réussit drôlement bien!

Anonyme a dit…

J'aurais pu te croiser dans la foule de Odaiba alors.

Robert Patrick a dit…

@Anonyme : peu probable, en ce moment il y a des feux d''artifice quasiment tous les jours, donc pas sûr qu'on y soit allé le même jour, et je n'étais pas à Odaiba.

 
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