lundi 6 août 2012

La nuit je bois.


A la base, je suis un mec qui boit pas. Ouais, quand j'ai décidé d'être un loser j'ai pris le package complet "つまらない男", ils faisaient des promos. Ça devait se vendre aussi bien que des XBOX. Je bois pas, je fume pas, et donc je baise pas. Mais je m'entraîne à pisser dans ma douche pour libérer mon esprit et maintenir une érection en club échangiste, au cas où.

Sauf qu'au Japon il FAUT boire. D'abord parce que comme je te l'ai expliqué précédemment c'est un bon moyen de rester en vie, mais surtout parce que l'alcool c'est ta protection sociale.

Je veux dire, réfléchis 2 secondes : quelle entreprise française garderait en son sein un M. Francis Dupont qu'on retrouverait toutes les semaines fracassé de chez fracassé, à moitié à poil dans les couloirs du métro ?
Aucune.
On lui dirait : "Dupont, ou vous suivez une thérapie, ou vous dégagez !"

Au Japon ? Oh voyons, tu sais très bien qu'il n'y a pas plus d'alcooliques au Japon que d'homosexuels en Iran. Ça se saurait.

C'est vrai qu'il y en a qui ont un peu du mal à tenir l'alcool. Mais il y a tous les autres, ceux qui tiennent. Et qui font semblant de ne pas tenir.
Parce qu'à partir du moment où tu as bu ton premier verre d'alcool, tu entres dans une dimension parallèle et tes actions dans cette dimension n'ont pas d'influence sur notre réalité : tu peux dire ce que tu penses, lâcher des infos confidentielles, balancer sur ton boss et tes collègues, te battre, peloter la secrétaire, tu sais, celle avec les gros nichons qui fait rien qu'à passer et repasser devant ton bureau – c'est sûr, elle le fait exprès ! –, c'est pas grave, tout te sera pardonné demain matin.

Les femmes c'est pareil, elles peuvent arrêter d'attendre que tu fasses le premier pas et se montrer entreprenantes ; elles peuvent s'écrouler comme des merdes sur la table pour éviter d'avoir à faire le service ou écouter ta conversation de macho qui raconte comment il a trop bien vendu cette semaine alors que personne en a rien à branler, y a des reportings hebdomadaires pour ça, gros, et puis elles peuvent enfin prendre leur coup de bite en loucedé, parce que toutes les Japonaises ressemblent pas à Kuroki Meisa non plus, et des fois quand y a plus de coton que de seins dans ta brassière ou plus de gencives que de dents dans ta bouche, il faut bien s'en mettre un peu derrière la nuque pour que l'occasion fasse éventuellement le larron.


A un niveau plus raisonnable, boire c'est aussi lever la méfiance à ton encontre, puisque si tu es celui qui ne boit pas, tu es celui qui reste en contrôle quand tes senpais auront décidé de se rendre ridicules. Et tu ne veux pas que tes senpais se méfient de toi, n'est-ce pas ?

Alors j'ai décidé de boire. Oh, pas pour de vrai, bien sûr. Je fais le serpent : le keigo dans les mails pour que les gens ils croient que je suis bien rentré dans le moule, et puis je trempe les lèvres en soirée pour que les langues se délient et que tout le monde chante "il est des nôôôtres, il a bu son verre comme les zôôôtres".

Mais tu me connais : après j'écris des articles...

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"Un Breton qui ne boit pas est un espion" lit-on dans un bar vers chez moi, où les gens ne sont pas précisément des comiques.
Il semblerait qu'une culture produisant des individus un peu "taiseux", où le non-dit et l'hypocrisie règnent, régénère ses relations dans l'alcool. Why not ?

 
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