mardi 28 mai 2013

La curée.


Tu le sais, la twittosphère est devenue notre terrain de jeu, celui où l'on déverse notre fiel à l'encontre de tous ces connards d'expat' qui "bradent" leur luxueux mobilier comme s'ils te faisaient une fleur, alors que le principe de la Sayonara Sale, c'est justement que c'est l'acheteur qui rend service au vendeur en le débarrassant d'encombrants objets qui lui coûteraient les yeux de la tête à faire dégager par des entreprises spécialisées.

Connard d'expat', sache-le : si tu penses que vendre ton mobilier à moitié prix est une "super affaire", nous te pissons cordialement dans la bouche.

L'autre victime potentielle de Twitter, bien entendu, c'est le journaliste qui parle de NOTRE Japon. Ah là là, LE truc qu'il fallait pas faire. Si tu savais comme on urine tous sur le trajet du boulot pour bien marquer notre territoire : le Japon, faut pas toucher. Jamais.

La dernière victime en date, c'est Cynthia Fleury, qui a pondu un article intitulé – paie ton cliché – "Les Cerisiers" dans l'Huma. Évidemment elle aligne les clichés, les erreurs, et pourtant elle dit moins de conneries que les autres, et on doit lui rendre au moins ça.

Le VRAI problème, c'est que Cynthia – comme TOUS ses confrères – aime manger vite, sur le pouce, et aller aux toilettes tout de suite après pour déféquer son repas à peine avalé.

Oui, la véritable raison pour laquelle "les vrais du Japon" se jettent avec une telle avidité sur les journalistes pour les dépecer, c'est que les journalistes choisissent un format qui ne leur permet ABSOLUMENT PAS de parler correctement, si ce n'est du Japon, du moins de ce qu'ils y ont vécu.

Regarde, moi, ça fait bientôt 4 ans que j'écris sur le Japon et tu as remarqué ? (C'est une question rhétorique : bien sûr que non, tu n'as pas remarqué !) Je ne parle quasiment que d'une seule chose par article.

Tu as pigé la règle d'or ? Un article =  un objet.

Mais le journaliste, non. Il te raconte une semaine dans un pays qu'il ne connaît pas en une seule page.

Est-ce que tu raconterais une semaine de séjour au Japon en cinq minutes à ton meilleur ami ? Bien sûr que non, parce que si tu le faisais, tout meilleur ami qu'il est, il te mettrait une putain de balayette, baisserait son futal et te pisserait copieusement dans les cheveux pendant que tu geins à terre ! (oui, je suis dans une phase uro, c'est un copain artiste qui a une très mauvaise influence sur moi)

Journaliste, qu'est-ce qui t'empêche de faire une série d'articles ? Non seulement ton sujet y gagnerait en profondeur, mais tu t'assurerais un suivi du lecteur qui

1) verrait que tu le respectes
2) attendrait avidement la suite

Comment est-ce que tu veux qu'on n'ait pas envie de te tailler en pièces quand tu nous racontes que "Les hommes et les femmes se promènent rarement, dans la rue, main dans la main" ?
C'est quoi, ça, "la rue" ? Quelle ville ? Quel quartier ? Quelle heure ? Quel jour de la semaine ?
Moi aussi je peux te prendre un quartier de salaryman en pleine journée et te dire que les hommes et les femmes sont tous célibataires, ce qui explique le problème des naissances. Ah ben non, merde, ils sont là pour bosser en fait, c'est pour ça que c'est pas des couples, bougez pas, on la refait...

Des couples qui se tiennent la main je t'en trouve à la sortie de n'importe quelle institution scolaire, et dans les magasins environnants, où ils se donnent encore la main en feuilletant des bouquins, que c'est kawaii à en pleurer. Tu veux dire les vieux ? Ça m'étonnerait encore plus, vu comment en général ils sont OBLIGÉS de se tenir l'un à l'autre, puisqu'il y en a toujours un qui tient plus debout que par habitude, et je te raconte pas quand ça a picolé un peu...

Tu me parles des "fantasmes tus" ? Des fantasmes TUS ?! Alors que tu trouves du porn dans n'importe quel combini ? À la télévision ? Dans le métro ?

Bitch, please.

Si vous voulez être pris au sérieux, les gens, y a pas de secret : travaillez sérieusement.
On arrêtera de vous massacrer quand on aura l'impression que vous vous donnez les moyens de vos ambitions. Prenez votre temps, n'allez pas trop vite, ne prenez pas de raccourcis faciles. Utilisez des repères spatio-temporels et abusez des "j'ai vu", "je trouve que" et autres expressions de subjectivité qui nous montrent que vous parlez de votre expérience, plutôt que d'essayer de balancer des vérités absolues et vous faire charcuter par le premier mec qui est resté au Japon ne serait-ce qu'une semaine de plus que vous.

Que vous tailliez un costard au Japon, c'est sûrement pas moi qui vous jetterai la première pierre, mais quand vous remplissez un article qui se veut professionnel d'erreurs et d'approximations, vous tendez le bâton pour vous faire battre et nous, ça tombe bien, on a du temps libre...

samedi 25 mai 2013

Anecdote


Oui, d'habitude je m'épanche sur d'autres supports, mais là j'avais pas envie de me prendre la tête avec le nombre de caractères et un clavier gros comme 2 carrés de chocolat.

Ce soir, Shibuya, le royaume des extrémités : jambes interminables d'un côté, gueules au gravier de l'autre. Longue session de DJing en sous-sol, potes qui assurent aux platines, potes qui assurent le marketing humain (= wingman), et puis des meufs, que tu sais plus où donner de la tête, parce que le problème, quand t'as 3 touches, c'est qu'il faut choisir.

Bref, tout se déroule pour le mieux (enfin, le mieux où tu mets pas la viande au four, donc juste bien, en fait), et puis il est l'heure de rentrer.

Arrivant à ma station et suivant une attirante jeune femme au menton un peu long mais aux yeux ravissants malgré l'absence de cette diablerie que sont les lentilles-de-contact-qui-font-des-grands-yeux, je vois arriver droit sur nous un salaryman, probablement bourré, en mode tanking. Que je t'explique : le tanking, c'est quand le salaryman ramène sa serviette sur son buste et la maintient avec ses 2 bras croisés sur sa poitrine, devenant ainsi un bloc de pénétration. C'est une technique assez souvent utilisée pour sortir d'un wagon bondé, mais je l'avais jamais vue dans une gare, au milieu de la foule, à contre-courant, qui plus est.

Le mec avance donc rapidement, bousculant défonçant tout se qui se présente sur son chemin d'ivrogne, et ça rate pas : il envoie valdinguer la demoiselle droit sur votre serviteur qui, les oreilles pleines de bon son, ne se fendit même pas d'un chevaleresque "daijôbu".

Là d'où vint la surprise, c'est qu'un des mecs bousculés ne laissa pas passer l'ivrognerie, et non seulement se retourna en gueulant le fameux "hora !" annonciateur de la rixe, mais, après l'avoir dit 2 fois, se mit même en quête du poivrot pour une explication forcée.

Je n'ai pas eu la curiosité d'aller voir si ça se terminait en eau-de-boudin ou en échange de cartes de visite à 5 branches, mais le samedi soir, moins que jamais, le bon sens ne fait loi. Déjà dans le wagon, entre les regards torves des mecs qui ont mis le cerveau en veille, ceux qui dorment carrément, affalés sur leurs voisins, ça sentait pas la révolution, tu vois.

Et puis c'est bien la peine de nous casser les couilles avec des wagons pour femmes le matin si c'est pour retrouver les mêmes gonzesses écrasées entre des hommes saouls, leurs seins fermement plantés dans le dos du premier mec venu (genre, moi) le soir.

Donc voilà pour tes Japonais polis et gentils. Juste non.

jeudi 23 mai 2013

Nous y voilà.


Tu le sais : je cherche moins à avoir raison qu'à saisir la vérité, aussi... Tiens, j'ai pas déjà écrit ça ? Oh, well...

LA question que tu te poses, je veux dire : LA question que tu te poses SI tu t'intéresses un minimum à la société japonaise, parce qu'évidemment, le mec qui en a rien à foutre, lui, il se la pose pas, tu penses... Je disais, LA question que tu te poses depuis que tu as mis les pieds (ho ho) au Japon, c'est : "POURQUOI CES PUTAINS DE JAPONAISES SONT-ELLES INFOUTUES DE S'ACHETER DES GODASSES À LA BONNE TAILLE, BORDEL DE MERDE ?".

C'est vrai, ça, à la fin.

Car autant nous apprécions leur port immodéré des jupes ras l'angora et leurs shorts qui ressemblent à des strings en jean's, autant leurs pompes 2 tailles au-dessus, en trois lettres je dis : NON.

Des réponses, on en avait déjà quelques unes, mais tu sais ce que c'est : chaque fois que tu demandes à ta copine japonaise de t'expliquer quelque chose, elle te répond "c'est comme ça". Parce qu'en plus il faudrait comprendre pourquoi on fait ce qu'on fait comme on le fait. Ben merde, alors !

Donc une des raisons, bien entendu, c'est que ces chaussures de marque que tu voulais tant, ben elles étaient en soldes mais y avait plus ta taille, alors t'as pris celles que t'as trouvées. Les mecs font pareil avec des baskets en série limitée, rassure-toi.

Déjà, ça place le niveau. Les mêmes grognasses qui disent dans ton dos que t'es "dasai" parce que tu portes pas de fringues de marques font les raclos sur la marchandise. Faut dire que contrairement à elles, tu paies un loyer, aussi. Un quoi ? Non, rien, reste chez tes parents et fais-toi offrir du bling pour ton anniversaire, tout baigne.

Mais figure-toi que l'autre jour, à force de réseau (je sais que ce mot fait beaucoup rire les mecs qui n'ont d'autres arguments que "je suis pas d'accord avec toi et mon opinion est un fait objectif suffisant", mais en même temps comme j'écris pour te faire sourire, tu vois, on reste cohérent dans la démarche), je tombe sur un mec dont le boulot est d'importer des chaussures de femmes.

C'est-à-dire que contrairement à ta copine japonaise qui te donnera la réponse qui l'embarrasse le moins, lui, savoir quelle forme, quelle taille et pourquoi, c'est son métier, et s'il a pas la bonne réponse, juste il a plus de travail, tu vois. Ça s'appelle un enjeu.


Je te donne donc LA réponse : "culturellement, les Japonais portent des chaussures ouvertes : les zori, les geta, tout ça. Donc les Japonaises prennent en général leurs chaussures une taille au-dessus, parce qu'avec la bonne taille elle se sentent trop à l'étroit, n'étant pas habituées à cette sensation de bonne taille, justement. Ensuite, le Japon étant un pays où l'on se déchausse souvent, la priorité est moins donnée au port de la chaussure lui-même qu'à la facilité de se déchausser."

Mais il ne s'arrêta pas en si bon chemin : "d'ailleurs les hommes japonais aussi prennent généralement leurs chaussures de travail et les chaussures bon marché une taille au-dessus, pour la même raison. En revanche, quand il s'agit de chaussures à ¥50,000 ou plus, des chaussures qu'ils ne portent qu'occasionnellement, ils font attention à choisir la bonne taille."

Voilà. Nous pouvons désormais passer à autre chose.

vendredi 10 mai 2013

Love is war (part.3)


Ah ben oui, c'est fini la Golden Week, vieux, faut remettre son cerveau en marche ! C'est donc l'heure de la séquence "Japan bashing", puisque y a visiblement que ça qui te plaît : dès que je dis du bien des Japonaises, tout d'un coup c'est plus tes copines et tu n'as pas de mots assez durs pour m'expliquer comme elles manquent de hanches, de seins, qu'elles ont les dents de traviole et qu'elles ne s'intéressent qu'à l'argent.
T'aurais pas un peu l'esprit de contradiction, par hasard ?
Et pis d'abord, est-ce que c'est bien des femmes que tu regardes ?

Mythe n°3 : "Parce que le Japon, c'est une île"


Celle-là, elle est fatale. 100% bullshit from nihonjinron, mais c'est pas grave : papa et maman l'avaient bien dans la tête, les gamins en ont mangé aussi et maintenant tout le monde est convaincu de sa connerie.
Parce que le Japon étant la seule île au monde, tu comprends, c'est pas comme si on avait d'autres îles sous la main pour comparer, hein...

D'abord, remettons-nous dans le contexte : quand un Japonais met l'insularité sur le tapis, c'est en général pour expliquer la fameuse harmonie japonaise et/ou justifier son gaman et son gambaru de merde qui pourrissent sa vie, et puis aussi celle des autres tant qu'on y est, car pourquoi s'arrêter en si bon et productif chemin ?

Mais cette histoire d'insularité, c'est de la connerie sur DEUX niveaux, et c'est là que ça devient marrant :

1) l'insularité elle-même.

"On doit tous vivre ensemble dans la paix parce qu'on est une île".
T'as raison mon con.
Évidemment, quand toi, Français du milieu de l'Europe, on te sort ça, tu te dis "ah ben ouais, ça se tient". Mais si tu réfléchissais 2 minutes, tu penserais à une autre île : l'Irlande. Et l'Irlande, dans la série "aime ton prochain comme toi-même", hein, tu m'excuseras. C'est pas comme si les mecs avaient 25 ans de guerre civile derrière eux, donc pour l'harmonie, tu repasseras.

"Oui, mais l'Irlande tu peux habiter partout, alors que le Japon on peut habiter que sur les bords, donc c'est tendu du slip", t'entends-je déjà objecter.
Ah ouais ?
Et l'Australie, c'est pas une île où on habite qu'au bord, peut-être ? Et puis le bord de l'Australie, tu seras gentil de pas aller trop près non plus...

Les gens, je veux bien discuter avec vous, mais il faut être un peu sérieux, quand même, hein.

2) l'harmonie elle-même.

C'est là que tu vois que cette justification liée à l'insularité est un pur produit des nihonjinron. Le Japon est une terre d'harmonie ? Sérieusement ? SÉRIEUSEMENT ?

Parce que les Sengoku Jidai, c'est pas des mecs qui se foutent sur la gueule pendant un siècle ? Si Sekigahara c'était un pique-nique, fallait prévenir, on serait venus.
Et le Bakumatsu, c'était la fête de fin d'année, c'est ça ?

Les Aïnous, pareil : harmonie dans le cul de ta femelle, maintenant qu'on t'a coupé la tête, tout ça...

Tu ouvres un livre d'histoire japonaise et tu me dis où tu trouves de l'harmonie comme notion évidente liée à l'insularité.

Hé, ici on déconne, hein, va pas te fâcher avec belle-maman pour si peu.

jeudi 2 mai 2013

The Konbini Experience.


Soit t'es un touriste et tu fais pas gaffe, tu es juste estomaqué par le stock de magazines de porn même pas cachés au cas où il y aurait des enfants et tu luttes pour voir où c'est marqué le goût de tous ces putains de triangles verts avec du riz dedans, soit tu vis ici et tu fais même plus gaffe à rien, tu rentres, tu essaies de pas oublier de filer ta "T-point card" à la caisse et tu ressors.

Alors deviens Robert Patrick quelques secondes, la prochaine fois.

Dans un konbini, je perçois :
- le ding-dong des gens qui rentrent.
- la musique de fond.
- le bip de chaque touche de la caisse enregistreuse.
- le bip du scanner à main.
- le biiiip biiip biiip des fours à micro-ondes.
- éventuellement l'INSUPPORTABLE japonais automatique de la vieille du Seven-Eleven qui dit 15 fois "arigatô gozaimAsh'TA !" à chaque client. Envie de la gifler à chaque fois qu'elle inflige cette inflexion systématico-obséquieuse à tout le magasin à travers sa voix de crécelle.

Je remarque aussi l'invasion croissante des caissières chinoises, avec leur badge marqué "Chin" ou "Chô" en hiragana. Y a donc pas qu'à Paris qu'ils investissent les petits commerces. Les Japonais deviendraient-ils fainéants au point qu'on manque de personnel autochtone ? Parce que les caissières chinoises, elles volent pas le taf des Japonais, hein, elles prennent les places dispos. Ou alors ça veut dire qu'on a moins de vieux. Ça c'est bien, ça, moins de vieux. Ou alors c'est que les étudiantes trouvent plus rentable de porner.
Tu m'étonnes.

Bref, le konbini, c'est une telle somme d'agressions sonores que tu seras gentil d'être aimable avec les gens qui y subissent leur emploi toute la journée.
 
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