Hier, soirée "internationale" privée.
Tu vas me dire : "qu'est-ce qu'une soirée internationale privée ?".
Ben c'est comme les soirées internationales organisées avec force publicité sur le net, les réseaux sociaux et frais d'entrée parce que résa de la salle et tout, mais là sans frais d'entrée, décidée par 2 nanas et avec tous les aléas des soirées privées japonaises, c'est-à-dire que 50% des gens te foutent un dotakyan (= annulation de dernière minute) dans ta gueule le jour même, avec toujours les mêmes excuses flaguées depuis longtemps, que tu te demandes encore à quoi elles servent et comment ceux qui les utilisent font pour se regarder dans une glace le matin.
Du coup, nous étions quatre : 2 Japonaises, 1 Français et 1 Américain. Plus cliché, tu meurs.
C'était la deuxième fois que je voyais la demoiselle qui m'invitait, homonyme d'une célèbre actrice mielleuse, et donc aussi l'occasion d'en savoir plus sur sa situation.
La trentaine. Un job. Habite encore chez ses parents.
Et là, tu sais ce que j'en pense : juste non.
Tu vas me dire "MAIS POURQUOI ?", surtout si tu es Japonaise ou étudiant.
Parce qu'en dehors du fait que ça va m'être bien difficile de te démonter chez toi sans réveiller
Payer ses factures, ça veut dire sacrifier une partie de tes revenus à ton bien-être et sortir de ce monde littéralement "magique" où la lumière s'allume parce que tu appuies sur un bouton, où l'eau chaude coule parce que tu tournes un robinet, où le repas arrive tout chaud et cuisiné sur la table, pour entrer dans le monde des adultes et du sacrifice, où toutes ces commodités se révèlent enfin sous leur vraie nature : tu as de l'eau chaude parce que tu paies ton gaz, de la lumière parce que tu paies ton électricité, un toit parce que tu paies un loyer.
Un monde dans lequel tu ne disposes plus de l'intégralité de ton salaire pour acheter des sacs et des chaussures, un monde dans lequel tu n'as pas que des droits et des envies, mais aussi des devoirs et des contraintes.
Si tu habites chez tes parents, tu vis encore dans ce monde magique où perdre son travail ne signifie pas être immédiatement à la rue, et surtout où ta solitude est un luxe et non une norme que tu tenteras d'enrayer à base de télévision allumée "pour la présence", voire, dans le meilleur des cas, par un animal de compagnie, le choix d'icelui révélateur de ta tolérance à toi-même.
Bref, tu es encore une enfant, et les enfants, c'est irresponsable et capricieux.
Alors c'est non.