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C'est une histoire que je partage avec mes potes en ce moment, et je me dis : "autant la partager avec les autres aussi".
C'est l'histoire de Mac Donald's au Japon. A priori, tu n'imagines pas Robert Patrick attablé au Mac Do – et tu fais bien –, mais le mois de janvier a été un mois sociologique pour l'ami Ronald, donc je kiffe.
Figure-toi que ce mois-ci, donc, Mac Donald's a lancé une campagne "votre commande en 60 secondes ou un Big Mac gratos", avec une pub matrixienne dans la Yamanote, tout ça...
Si tu t'intéresses un peu au Japon et que tu consultes les sites à droite à gauche, tu as sans doute déjà eu écho du résultat : à partir d'un tweet d'un client qui trouvait que sa commande avait été emballée à la va-vite, les clients insatisfaits de leur commande bâclée se sont mis à tweeter les uns après les autres, provoquant une réaction en chaîne : d'abord la désaffection des Mac Do (quand tu sais que Mac Do, au Japon, c'est déjà la lie du fast food, genre un truc pour clodos, quoi), mais également la surenchère chez les concurrents, qui bénéficiaient déjà d'une image plus classe (Mos Burger, par exemple) et qui se sont empressés de tirer sur l'ambulance à base de slogans parodiques.
Ça, c'est le premier point, celui qui te fait lever un sourcil parce que ça veut dire que le boss de Mac Do a juste pas compris qui étaient ses clients, c'est dire le fail absolu.
Je te le rappelle : le Japon est un pays de service. Ça veut dire que toi, Français, tu ne PEUX PAS comprendre à quoi ça correspond dans la tête des gens, parce qu'avec ton vécu, "un pays de service" ça veut juste dire "Le Japon c'est trop cool, c'est pratique !".
Ce n'est pas exactement ça. Un pays de service, ça veut dire que la façon dont tu es traité passe avant TOUT. J'ai dit TOUT. Par exemple, la performance. Ça, c'est un truc que nous Occidentaux on pardonnerait pas : l'hôtesse, on s'en branle de son sourire, on veut un truc qui marche.
Pas au Japon.
Au Japon, on veut du sourire, limite si le truc marche pas c'est encore une meilleure occasion de voir comment le service après-vente il est au top, un peu comme tous ces trous de balle qui laissent des commentaires 5 étoiles sur Amazon ou Rue du commerce en louant la rapidité du service alors que ce qu'on leur demande c'est un feedback sur le produit lui-même.
Un pays de service, ça veut dire que dans ta tête de Japonais, tu as été conditionné à payer ou à attendre en échange de ce qui t'importe le plus : LE SERVICE. Ça aussi, c'est un truc qu'on a du mal à saisir, nous les Occidentaux : les gens ils paient des sommes de ouf pour des trucs qui nous paraissent évidents (offre internet triple play : 90€.), ou ils font la queue, etc. Bref, tu te dis que ces gens-là ont un problème. Ils ont, certes, mais en même temps tu es le premier à te plaindre des serveurs français qui esquivent ton regard au moment où tu as besoin d'eux et des employés de La Poste qui font rien qu'à pas sonner alors que t'es chez toi à les attendre ou qui sont pas assez nombreux à leurs putain de guichets. Par exemple.
Bon.
Donc ça, c'était le premier point : Mac Do qui rate sa campagne parce qu'ils ont voulu se la raconter sur un aspect dont tout le monde se cogne ici (la rapidité du service), alors qu'il suffit de se balader au 8è étage de n'importe quel grand magasin japonais pour voir 50m de queue de gens assis pour bouffer dans un restau de base et en tirer les conclusions qui s'imposent ; comme tu le constateras la rage aux lèvres dès que tu arpenteras les rues du Japon : ici, les gens ne sont PAS PRESSÉS (oooh non...).
L'autre point qui n'a visiblement pas encore été couvert par les organes occidentaux, en revanche, c'est le DEUXIÈME effet Kiss Cool de cette campagne, véritable appeau à raclos en tous genres, ceux qu'on surnomme désormais "les 凄客".
En effet, attirés non par la rapidité du service mais par l'éventualité d'un Big Mac gratos en cas d'échec, des petits malins ont commencé à venir régulièrement au Mac Do avec des commandes farfelues, genre "est-ce que vous pouvez enlever le sel des frites ?", ou "je mange pas de viande, est-ce que vous pouvez mettre la viande de mon burger dans celui de mon copain", etc.
Là encore, nouvel éclairage sur le Japon : non, tout le monde n'est pas poli et gentil, respecte ton travail et se permettrait surtout pas de déranger. Les raclos, il y en a ici comme ailleurs, et quand tu leur donnes la main ils se gênent pas pour te bouffer le bras.
Voilà, c'était juste pour partager avec toi les résultats de cette campagne catastrophique, qui aura mis en lumière les abus d'un côté comme de l'autre.
Aujourd'hui, retour aux amours sociologiques, avec l'explication de la déferlante incontrôlable des Croc's, ces chaussures hideuses que les Japonais ont passionnellement adoptées, eux qui font pourtant tellement les malins à base de sapes de marque.
Régulièrement classée dans le top 5 des questions fondamentales sur le Japon telles que "Pourquoi les Japonaises sont-elles si fourbes ?", "Pourquoi la blogosphère japanisthanaise est-elle si moribonde ?", "Pourquoi Hayami Shô ne double-t-il que des traîtres ?", ou "Que fout un gros affublé d'un micro-pénis dans un porn ?", la question "Comment toutes ces grognasses qui n'ont que "Louboutin" ou "Gucci" à la bouche plus souvent qu'aux pieds sont-elles devenues les premières consommatrices des ces écrase-merde ?" ne pouvait rester plus longtemps sans réponse.
Le fait est qu'au Japon, porter des Croc's est juste UNE ÉVIDENCE, comme nous l'allons montrer tout à l'heure :
1) L'identification.
Dans un pays complètement obsédé par Disney – premier lieu de rendez-vous idéal pour une date ? Disneyland, bien sûr ! –, quelle meilleure idée que de pouvoir enfin ressembler à Sora de Kingdom Hearts ? T'avais déjà la coupe de cheveux, les accessoires de partout, il te manquait juste les chaussures démesurées. C'est chose faite.
2) Le côté pratico-esthétique.
Ouais, t'as bien lu : "pratico-esthétique". Et j'explique : l'été il fait chaud et la logique veut donc que tu aies les pieds à l'air. Sauf qu'au pays des mycoses morfales et des pieds palmés à l'oignon, t'as pas toujours envie d'exposer tes panards avec des sandales de paysan.
Tu passes pas 2 heures à décorer ta gueule comme un sapin de Noël en y foutant le plus d'artifices possible pour ensuite dévoiler au premier venu que t'as des pieds de troll.
Une bonne paire de Croc's, en revanche, et le problème est réglé : pieds aérés, mais cachés. Et puis tu les prendras 3 tailles au-dessus, comme le reste de tes godasses.
3) Le côté pratico-pratique.
Ben ouais, mano, dans un pays où tu passes ton temps à te déchausser pour un oui pour un non, quoi de plus pratique que ces godasses ? Ne cherche pas, la réponse c'est "RIEN".
Tout simplement.
Il faut avoir vécu un déménagement et avoir dû se déchausser à chaque transport de meuble (et quand t'as un piano dans les mains, t'as moyennement le loisir de faire tes lacets, tu vois...) alors que PUTAIN ON QUITTAIT L'APPART', QU'EST-CE QUE ÇA PEUT BIEN FOUTRE QU'ON GARDE NOS GROLLES ?! pour comprendre toute l'utilité de ces chaussures.
D'ailleurs tu le sais, les Japonais avaient en eux le désir ardent de ces chaussures depuis leur plus tendre enfance : tous ces mocassins kakatofumisés depuis l'école primaire, tous ces chaussons piétinés, tu crois que ça avait quelle gueule ? Est-ce que tu imagines toutes ces culottes japonaises trempées à la vision enchanteresse de la réalisation professionnelle d'un modèle de chaussures que tu as été obligé de recréer à chaque nouvelle année scolaire ?
Ces pompes idéales, cette forme que tu as eue aux pieds depuis qu'on t'a imposé l'uniforme et ce goût si sûr des chaussettes blanches avec des chaussures noires qui te poursuivra même quand tu seras salaryman, cette chaussure parfaite pour tes pieds de râcle-bitume, elle existe, elle est dispo, elle sera à toi : la Croc's, mec !
Comment les Japonais pourraient-il résister ? Même moi j'ai craqué, t'as qu'à voir.
Et si tu savais comment je SWAG fatalement à 7h30 le matin en sortant mes poubelles avec mon pyjama Uniqlo tout doux qui me fait ressembler à un nounours et mes Croc's bleu marine... Toutes les vieilles du quartier en sont moites.
C'est pas que je manque de réalité à te balancer dans la gueule, mais tu as pris l'habitude : je finis pas mon année négativement, je la commence pas négativement non plus. Alors aujourd'hui, c'est une playlist des titres japonais qui traînent dans mon lecteur .mp3, voire qui tournaient en boucle lors de la rédaction d'articles. Pas d'OST, évidemment, sinon on n'en sort plus.
Pas de web 2.0, pas de liens Youtube, juste des noms et des titres pour que tu dises "ah ouais, je connais, il a bon goût, ce mec !", et si tu veux aller chercher à quoi ça ressemble, libre à toi.
C'est pas un ranking non plus, je te mets ça comme ça vient :
DJ Ozma - Age Age Every Knight
Nakamori Akina - Gekka
Coaltar of the Deepers - Dear Future
Luminous Orange - Riverboat
Kyary Pamyu Pamyu - PON PON PON
Galileo Galilei - Aoi Shiori
Perfume - Polyrhythm
Perfume - Love The World
Perfume - Take Me Take Me
Hatsune Miku - Nebula
Hatsune Miku - LNGN (Lifecut-Mix)
Quruli - Bara no Hana
Quruli - World's End Supernova
Flumpool - Hana ni Nare
Fujii Takashi - Watashi no Aoi Sora
Clammbon/Nujabes - Imaginary Folklore
Gackt - Lu:Na
Gackt - Jesus
Sakamoto Maaya - Getsuyô no Asa
Kanno Yôko - Where Does This Ocean Go ?
Kotoko - Face of Fact
L'arc-En-Ciel - Lies and Truth
Buck Tick - Flame
Kimura Kaela - Tree Climbers
Kreva - Have a Nice Day !
Arai Akino - Niji-iro no Wakusei
Arai Akino - Roundabout Drive
Boom Boom Satellites - Shut Up and Explode
Bennie K - Oasis
Sasaki Isao - Super Robot Gundan
Yui - I Will Love You
Sugizo - Eternity in Luna
Yonagahime - Beautiful Dreamer
Mais sinon, je te souhaite pas une bonne année, la merde c'est un peu comme le nuage de Tchernobyl, elle s'arrête pas à la frontière : si tu étais un gros con paresseux, égoïste et nuisible en 2012, tu vas pas devenir le Dalaï-Lama en 2013. Pareil si t'étais japonaise, tu vas pas devenir une fille bien, même si ton appli gratuite "Uranai" te dit le contraire ("gratuite"/"uranai", get it ?).
D'ailleurs moi-même, je suis plus dans la résignation que dans la résolution, c'est dire comme je n'attends rien de magique des 12 prochains mois. Et je dis pas ça parce qu'on m'a planté ma bônenkai, mon 31, et que Princesse a pas perdu le genre de pari qui l'aurait obligée à passer le réveillon avec le collègue qu'elle apprécie le moins.
Mais on m'a fait comprendre qu'en mai tu aurais droit à un article sur les putes chinoises qui font des "massages" pour moins de ¥20,000.
Keep the Faith, comme disait l'autre...
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