J'ai tout vu, j'ai tout vu.
Toi, bien sûr, tu ne savais pas
Que j'étais là.
Insignifiant, ignoré, raillé
Tout est stratégie pour m'infiltrer.
Invité par des potes DJ, si invisible,
Que je rentre sans payer.
J'étais à côté de toi, tu ne m'as pas vu
Quand tu as enlacé ton meilleur ami,
Celui qui a déjà un petit cul
De 20 ans qui l'attend chez lui,
Qui chauffe quatre meufs
Et en dévore une et demie.
J'étais là, tu ne m'as pas vu
Quand tu t'es embrouillé avec tes potes
Pour une histoire de gonzesse
Et de critiques à ton insu.
Mais j'étais là, j'ai tout entendu.
Là aussi, à la cave, pour voir ton cunni
Entre autres indélicatesses, avec ta truie
Dans ce Japon où l'on ne s'embrasse pas
Et où tu t'affiches sans le moindre embarras
À moitié à poil, scotché à ta morue
Tout aussi dénuée que toi
De retenue.
Je suis l'homme invisible, évidemment
Que tu m'avais déjà oublié
À peine nous étions-nous quittés
Malgré les éclats de rire que j'avais provoqués
Et l'on se revoit
Je suis un disque dur, je me souviens
De ton nom, de ton métier, je sais,
Ça t'en bouche un coin.
Tu te sens un peu mal, maintenant,
De me redemander les miens.
C'est ma stratégie
Toujours dans l'ombre
Ceux qui me voient
Font partie du nombre
Réduit de mes amis
Tu rigoles, tu danses, tu bois,
Tu oublies.
Moi, j'observe
Et je publie.
Shibuya, au petit matin
La Cour des miracles
À voir au moins une fois
Le fabuleux spectacle
Des filles qui se remaquillent,
Accroupies,
Des gens affalés sur le quai,
Endormis,
Comme des clodos, mais des
Clodos qui sortent
De boîte de nuit.
À la prochaine...