J'aime la Saint Valentin.
Pas seulement parce que Mademoiselle m'a offert des chocolats (le cœur rouge était en chocolat blanc, cette hérésie...) en précisant qu'elle tanoshimisait le White Day, mais surtout parce que c'est une occasion supplémentaire de démontrer à quel point les fêtes commerciales japonaises sont inscrites dans un temps à part.
Prends ton chocolat de base Ghana de Lotte. Il est à ¥105 toute l'année, passe à ¥78~¥88 avant la Saint-Valentin, et tout d'un coup à ¥69 après. 35% de baisse, mec !
Alors là tu te dis "ouais, mais c'est à cause de la DLC, genre il est plus bon dans 1 mois alors ils cherchent à écouler les stocks..."
Valable jusqu'en janvier 2014, mec. Ils pourraient le remettre en rayon tel quel et attendre que ça se vende exactement comme ils ont fait pendant toute l'année, mais NON : ton chocolat tu l'as associé à l'image de la Saint Valentin (si tu étais dans le coin, tu n'as pas été sans le remarquer, Saint Valentin = Ghana, que tes yeux en saignent encore de tout ce rouge...), le 15 février il est périmé, il vaut plus rien.
Comme ta nana après 30 ans, exactement.
Et encore, les nanas, ils ont rajouté 5 ans dans l'espérance à force de voir les gaijin se servir sans vergogne (paie tes allitérations) dans la tranche 25-40 et laisser le pauvre salaryman avec ses Tenga et/ou sa frustration. Mais à la base, ils comparaient les filles de 25 ans à des gâteaux de Noël, identiquement à foutre à la poubelle après le 25 décembre (25 = 25, get it ?).
Ça, c'est un autre truc qui m'a surpris ici : tu fais des décorations de Noël, et le 26 décembre on te dit "bon, ben on va enlever tout ça." HEIN ?!
"Ben oui, Noël c'est passé."
Tu comprends où je veux en venir : la fellation sociale, les décorations sociales, le chocolat social... Ici les gens sont pas là pour kiffer, ils sont là pour se conformer. Comme dit Senbei : "qu'attendre d'un pays où le loisir national c'est de se bourrer la gueule et de s'effondrer comme une merde sous un kotatsu ?".
Les décorations de Noël, ce n'est pas beau en soi, pas agréable en soi, c'est juste "Noël" quand il faut et encombrant quand il faut plus.
La Saint Valentin, c'est l'occasion de déclarer ta flamme, mais que le chocolat soit bon ou pas, aucun intérêt. D'où l'utilisation d'un chocolat bon marché.
Le temps n'est donc pas vécu comme cyclique, mais comme linéaire, ponctué d'événements qui s'en échappent : pendant 15 jours tu as l'impression qu'il n'y a plus que ça qui compte, tu peux pas regarder quelque part sans être agressé par le marketing qui s'y rapporte, et puis à J+1 on neuralize tout ça, hop, circulez y a plus rien à voir.
Ceci expliquant sans doute la naïveté (pour être poli) des gens : il n'y a rien à apprendre, ce qui a été n'est plus, l'expérience ne sert à rien, abordons chaque nouveau jour comme si tout ce qui a précédé restait sans conséquences (et excusons-nous mille fois de faire mille fois la même connerie, puisque nous serons mille fois pardonnés...) et étonnons-nous des choses les plus élémentaires.
Oh well... Ça pourrait être pire : je pourrais être en France (Tarô en revient cette semaine, j'ai hâte qu'il me vomisse son séjour).