dimanche 24 février 2013

Hors du temps


J'aime la Saint Valentin.
Pas seulement parce que Mademoiselle m'a offert des chocolats (le cœur rouge était en chocolat blanc, cette hérésie...) en précisant qu'elle tanoshimisait le White Day, mais surtout parce que c'est une occasion supplémentaire de démontrer à quel point les fêtes commerciales japonaises sont inscrites dans un temps à part.

Prends ton chocolat de base Ghana de Lotte. Il est à ¥105 toute l'année, passe à ¥78~¥88 avant la Saint-Valentin, et tout d'un coup à ¥69 après. 35% de baisse, mec !

Alors là tu te dis "ouais, mais c'est à cause de la DLC, genre il est plus bon dans 1 mois alors ils cherchent à écouler les stocks..."

Valable jusqu'en janvier 2014, mec. Ils pourraient le remettre en rayon tel quel et attendre que ça se vende exactement comme ils ont fait pendant toute l'année, mais NON : ton chocolat tu l'as associé à l'image de la Saint Valentin (si tu étais dans le coin, tu n'as pas été sans le remarquer, Saint Valentin = Ghana, que tes yeux en saignent encore de tout ce rouge...), le 15 février il est périmé, il vaut plus rien.
Comme ta nana après 30 ans, exactement.

Et encore, les nanas, ils ont rajouté 5 ans dans l'espérance à force de voir les gaijin se servir sans vergogne (paie tes allitérations) dans la tranche 25-40 et laisser le pauvre salaryman avec ses Tenga et/ou sa frustration. Mais à la base, ils comparaient les filles de 25 ans à des gâteaux de Noël, identiquement à foutre à la poubelle après le 25 décembre (25 = 25, get it ?).

Ça, c'est un autre truc qui m'a surpris ici : tu fais des décorations de Noël, et le 26 décembre on te dit "bon, ben on va enlever tout ça." HEIN ?!
"Ben oui, Noël c'est passé."

Tu comprends où je veux en venir : la fellation sociale, les décorations sociales, le chocolat social... Ici les gens sont pas là pour kiffer, ils sont là pour se conformer. Comme dit Senbei : "qu'attendre d'un pays où le loisir national c'est de se bourrer la gueule et de s'effondrer comme une merde sous un kotatsu ?".

Les décorations de Noël, ce n'est pas beau en soi, pas agréable en soi, c'est juste "Noël" quand il faut et encombrant quand il faut plus.

La Saint Valentin, c'est l'occasion de déclarer ta flamme, mais que le chocolat soit bon ou pas, aucun intérêt. D'où l'utilisation d'un chocolat bon marché.

Le temps n'est donc pas vécu comme cyclique, mais comme linéaire, ponctué d'événements qui s'en échappent : pendant 15 jours tu as l'impression qu'il n'y a plus que ça qui compte, tu peux pas regarder quelque part sans être agressé par le marketing qui s'y rapporte, et puis à J+1 on neuralize tout ça, hop, circulez y a plus rien à voir.

Ceci expliquant sans doute la naïveté (pour être poli) des gens : il n'y a rien à apprendre, ce qui a été n'est plus, l'expérience ne sert à rien, abordons chaque nouveau jour comme si tout ce qui a précédé restait sans conséquences (et excusons-nous mille fois de faire mille fois la même connerie, puisque nous serons mille fois pardonnés...)  et étonnons-nous des choses les plus élémentaires.

Oh well... Ça pourrait être pire : je pourrais être en France (Tarô en revient cette semaine, j'ai hâte qu'il me vomisse son séjour).

vendredi 8 février 2013

She wants the Moby D.


Anecdote, au passage.
Fais pas comme si t'avais mieux à faire, bâtard, alors que 99% des mecs qui arrivent ici cherchaient le secret du faux sperme. Ah elle est belle, la quête des alchimistes du 21è siècle...

Anyway.

L'autre jour j'assiste à une expo sur le Kabuki en féminine compagnie (les expos, c'est bien des trucs de gonzesses, ça. Oui, si tu veux voir de la belette qui ressemble à autre chose que de la chair à gaijin, ça peut être une bonne idée aussi, mais méfie-toi : y a des vieilles. Plein), et déjà je suis complètement fasciné d'en savoir plus sur le Kabuki que les Japonais. Pour eux, le Kabuki, c'est du théâtre, point. Pourquoi c'est interdit aux femmes, la prostitution des nanas et des éphèbes, tout ça, ils en ont juste JAMAIS entendu parler, quoi. Et t'attends pas à ce que l'expo t'éclaire non plus, hein.

Bon. On échange quelques propos culturels avec Mademoiselle, et puis au détour de je sais plus quoi, elle me dit : "Mais les Français, vous êtes contre la chasse à la baleine. En quoi est-ce que ça vous dérange ?"

Bon, déjà, il faut savoir que Mademoiselle ne mange pas de viande, ni de baleine, donc c'est pas comme si elle prêchait pour sa paroisse. Elle mange du poisson, mais pas de baleine. Même si techniquement la baleine n'est pas un poisson, en ce qui me concerne ça rentre plus dans la catégorie "poisson" que le poulet ou le sanglier, tu vois...

Alors je lui explique que quand tu pêches une grosse grosse baleine, si c'est juste pour en manger un tout petit petit bout sur tes 3 cm² de sushi de merde, ben tu m'excuseras de trouver ça mottai nai, c'est pas comme si les baleines ça se trouvait sous les sabots d'un cheval. Sans déc'.

Et là elle me sort (logique féminine. Après les mecs me traitent de misogyne, on croit rêver...) : "oui mais vous mangez bien des vaches".

Euh. Déjà je vois pas le rapport. Si t'as déjà regardé un plan de boucher, t'as dû comprendre qu'on jetait un peu moins dans la vache que dans la baleine. Et puis les vaches ça s'élève (pas dans le ciel, connard, on fait des élevages, je veux dire), alors que les baleines, non.

Alors elle me demande si ça me dérangerait moins qu'on tue les baleines si c'était des baleines d'élevage.

Complètement. Si c'est des baleines d'élevage tu peux en bouffer tant que tu veux, puisque tu mets pas l'espèce en péril. Tu peux même organiser des corridas de baleines si ça t'amuse et faire des parapluies avec les carcasses, rien à battre.

Elle a eu l'air convaincue par mon explication.

Mais quand je pense que certains prévoyaient un accouplement prochain, c'est pas gagné...
 
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