jeudi 30 avril 2009

Dans le cochon, tout est bon.

Le Japon, on ne le dira jamais assez, est le pays du bonheur absolu et de la félicité.
C'est pourquoi les Japonais, qui n'ont plus à se soucier d'insignifiants problèmes tels que se loger, se nourrir, se vêtir, avoir un téléphone portable, etc., voient leur attention toute accaparée par des inquiétudes d'une autre envergure, telles que "comment avoir la peau plus blanche ?", "comment mincir sans rien changer à son régime alimentaire ?", ou encore "comment avoir les tétons moins foncés ?".

Dans la série des ces sujets fondamentaux capables d'occuper jusqu'à 50% de plage télévisuelle, nous avons eu droit ce mois-ci à un de ces coups d'éclat dont les Japonais ont le secret, révélant leur âme bushidesque, selon le fameux principe : "prendre sérieusement ce qui est futile et prendre légèrement ce qui est grave".

L'information qui a donc ravagé l'Asie ces derniers temps n'est autre que l'arrestation de Kusanagi Tsuyoshi, un des membres les plus "sages" du groupe SMAP.

Ouverture de tous les journaux télévisés sur ce scandale d'un mec qui a un peu trop bu et qui se retrouve à poil dans un parc, tout seul, sans faire chier personne, tandis que les bancs de salarymen qui s'échouent tels d'ivres cétacés sur les banquettes du métro chaque vendredi soir, imposant aux sobres voyageurs le bruit et l'odeur, quand ce n'est pas le vomi et les coups, ça ne fera évidemment jamais l'objet d'une campagne de prévention.

Mais – justice immanente ? – tandis qu'après 2 jours de lapidation ininterrompue nous nous apprêtions à poursuivre la semaine en nous délectant des affres de ce triste poivrot de Kusanagi, voilà-t-y pas qu'on nous parle de tout autre chose : la grippe porcine !

Dès lors, plus la moindre mention de celui qu'on traînait dans la fange (notez le champ lexical), de celui pour qui on n'avait pas de mots assez durs, de celui qui aurait fait passer un pédophile antisémite pour un Abbé Pierre (je sais bien que vous mourez d'envie de me faire remarquer,
simples brutes que vous êtes, que l'Abbé Pierre était la personnalité préférée des Français et non celle des Japonais, mais je vous rétorquerais alors que ni la pédophilie ni l'antisémitisme ne sont des tares au Japon. Prenez l'analogie pour ce qu'elle est et ne m'interrompez plus).

Aussi, depuis une semaine, j'ai acquis, faute d'oreille absolue, la prescience ; je sais que chaque journal télévisé japonais commence par ces 3 mots : "konnichi ha / konban ha, buta influenza...".

Kusanagi sauvé par la grippe porcine !

Quant à moi, je dois à ce rose omnivore, sus scrofa domesticus, des aéroports désertés et un avion de retour vide aux deux tiers, ce qui fait – les plus mathématiciens d'entre vous l'auront deviné – que chaque passager avait donc trois sièges pour lui tout seul.


Je profitai à la fois de la vue (oh, surréelles sculptures cumulo-humilitiques !) et de la praticité du couloir, sans même parler de la possibilité de dormir allongé.

Je ne vous raconte pas mes orgies de tonkatsu, vous me jalouseriez.
 
Creative Commons License
Cette création est mise à disposition sous un contrat Creative Commons.