lundi 19 novembre 2007

En vrai, les Japonais ils kiffent les marques.

Quiconque a déjà rencontré une Japonaise (je prends l’exemple le plus évident, parce que tout le monde feuillette pas forcément les magazines de guitare, hein…) au Japon ou à Paris, ou même ailleurs, sait que les Japonais sont inféodés aux marques. Il y a plusieurs raisons à cela :

1) La marque "garantit" la qualité. Aujourd’hui plus que jamais, les Japonais ayant une méfiance viscérale vis-à-vis de la contrefaçon et plus particulièrement de la contrefaçon chinoise. C’est à se demander pourquoi ils laissent la mafia israëlienne s’installer devant leurs boutiques pour vendre des faux sacs Vuitton
2) La marque garantit également le prestige : c’est de la marque, donc tout le monde sait combien ça coûte, donc tout le monde est à même d’évaluer le portefeuille du porte-manteaux. C’est le bling bling nippon.
3) La marque, c’est l’histoire. Toutes les grandes marques ne sont pas nées d’hier, mais d’avant-hier, et s’approprier la marque c’est se draper de son histoire, se donner une contenance.
4) La marque "garantit" le bon goût. Nous avons là une extension typiquement nippone : tu peux t’habiller comme un sac, mélanger les couleurs comme les 101 daltoniens, c’est pas grave : tous ces noms prestigieux rempliront d’étoiles les yeux de tes copines qui s’étrangleront d’admiration devant ton style de haute folie. Les plus grosses fautes de goût sont pardonnées puisque le but n’est pas de bien s’habiller, mais de s’habiller connu : peu importe que Jane Birkin soit has-been au point d’aller se faire endorser par La Redoute ou que son modèle de sac chez Hermès soit l’apanage des vieilles rombières, HERMES+BIRKIN= carton total au pays du soleil levant. Pareil pour Cartier dont le goût en matière de bijouterie est over-the-cheap-and-vulgos : si tu vois des pubs dans Vogue c’est que tu dois le porter !


En effet, au Japon les gens n’ont pas de goût. C’est là l’effet le plus important de la marque : servir de référence aux gens qui n’en ont pas. On dit les Japonaises très bien habillées (au Japon, hein, pas les petits boudins en rouge+vert+marron qui se baladent avec les cuisses qui se touchent dans le quartier de l’Opéra), mais elles n’ont aucun mérite : elles se contentent de copier à l’identique ce qu’on leur montre dans les magazines de mode. D’où leur absolue incompétence à distinguer ce qui ressemble un peu à du bon goût (leurs
chaussures ouvertes) de ce qui ne ressemble à RIEN (leurs faux ongles en 3D, leur maquillage de raton-laveur, leur choucroute desséchée, leurs bas hideux, etc.).

A titre plus personnel, je suis effaré de voir ce culte du vintage pour les instruments de musique et cette dichotomie Fender/Gibson encore d’actualité au Japon quand tant d’autres luthiers ont depuis longtemps dépassé la qualité de ces 2 marques pour un prix équivalent, voire bien inférieur. Là encore, seul le nom compte (d’ailleurs pour ce qu’ils en jouent, hein…).

Une fois encore, les Japonais expriment en matière de marques leur soumission à la Suprême Caucasie, ne jurant que par des marques occidentales du plus mauvais goût (genre Chanel, Cartier, Vuitton, que des trucs de vieux, au secours !) ignorant qu’ils ont aussi des stylistes nationaux (genre Kenzo, Issey Miyake, Yamamoto c’est de la merde. Tu te demandes pourquoi ici on trouve que Kenzo ça bute et là-bas ils ont toujours pas capté).


Je te parle même pas des voitures, que rouler en Peugeot c’est trop la classe au Japon alors que s’il y a un truc que les Japonais font mieux que les autres c’est quand même bien les bagnoles !

Les marques au Japon prennent donc tout leur sens : elles marquent. Elles repèrent. Elles guident le troupeau.

lundi 12 novembre 2007

En vrai, les Japonais ils te lavent le cerveau (part.2)

Le Japon n’aime pas le silence. Dans les magasins, dans la rue, partout ça beugle.
Oui, en France aussi ça beugle, tu peux pas aller bouffer une glace sans qu’on t’impose MTV sur écrans géants, tu peux pas aller essayer des fringues (si t’es une fille, hein, un mec a pas besoin d’essayer, il sait ce qui lui va et il achète en VPC. On n’a pas que ça à foutre de se mettre des vêtements encore sur cintre devant la gueule et de se mater dans le miroir en s’imaginant si ça nous va ou pas) sans avoir à subir une programmation à chier ou les goûts radiophoniques de merde des employées (Voltage, Skyrock... que du bonheur).
Ça, c’est juste du bruit.


Au Japon, on se fait fort, dans certains magasins, de remplacer le bruit par un message (le nom du magasin + les promotions en cours), diffusé sous forme de jingle. Comme on l’a vu précédemment, tout slogan au Japon est chanté, sans doute pour lui permettre de mieux s’ancrer dans le cerveau. Que dire alors de ces jingles d’un maximum de 5 minutes en boucle non-stop toute la journée ? Yamada Denki, 99Shop, une fois entendus ces jingles vous suivent toute votre vie, impossible de les oublier. Pire encore, à chaque retour au Japon on se plaît à les réentendre, comme si on revenait à la maison (bon, le 99Shop pas trop, mais Yamada Denki évidemment on aimerait bien que ça soit la maison pour de vrai). Les chaînes de restaurants, les échoppes itinérantes, les vendeurs de tofu du dimanche, les ramasseurs de vieux papiers, tous tous TOUS ils ont leur putain de jingle qui te reste dans le crâne. Les supermarchés ne sont pas non plus épargnés, avec leurs méga-tubes spécialisés : poissonnerie ("quand on mange du poisson on devient intelligent") et boucherie ("je kiffe la viande ! je kiffe la viande !").

Mais toi, t’es encore pas le plus à plaindre : l’employé de Yamada Denki qui fait sa journée de 10 heures, à raison de 5 minutes de jingle en boucle, combien de fois tu crois qu’il aura entendu "Yamaaaada Deeeen-ki !" dans sa vie ?
12 fois par heure, soit 120 fois par jour, soit 720 fois par semaine, soit 2880 fois par mois, soit 34560 fois par an, moins LA semaine de vacances = 33840 fois par an. A multiplier par le nombre d’années de travail, bien entendu.

Un peu comme si tu fréquentais un Alzheimer, mais qui meurt pas bientôt.

lundi 5 novembre 2007

Urayamashii Tarô

Quelques différences entre les universités japonaises et françaises en terme d’environnement. Nous avons sélectionné une fac tout ce qu’il y a de plus commun au Japon, pas un truc de renommée nationale, voire internationale, style l’Université de Tôkyô, nan nan, juste une fac de province. Pour la France, on a pris une école de langues orientales de renommée tellement internationale que son nom est dans les dicos franco-japonais. Grande classe.

1) Les couloirs.


Comme dans tous les dessins animés que vous avez vus, vous constaterez que les portes des salles de classes des établissements scolaires japonais sont bien coulissantes. Le numéro de la salle est écrit en gros avec en-dessous le nom des professeurs qui utilisent cette salle et la matière qu’ils enseignent parce qu’on sait bien que la fac c’est toujours rempli de boulets qui se demandent encore en quelle salle ils ont cours au bout d’un trimestre…
Et puis il y a des petites vitres pour vérifier que la lumière est bien allumée, ça évite d’ouvrir la porte quand il y a cours et de s’excuser ensuite en disant qu’on a pas d’excuse (ils sont marrants, les Japonais, ils s’excusent en disant qu’ils ont pas d’excuse… Ils l’ont fait exprès alors !).

En France, c’est… euh… différent.



2) Les salles de cours.


Comme dans tous les dessins animés que vous avez vus (encore ?! Mais putain y a que ça qui vous intéresse ou quoi ?!), les élèves sont répartis par pupitre individuel. Il y a évidemment des exceptions, certaines salles utilisent des tables pour 2, mais la majorité des salles de classes utilisent le pupitre individuel. Ça oblige notamment les élèves à se tenir droit parce que le pupitre est très étroit au niveau des jambes et puis y a pas de tables pour 2 avec un voisin qui manque et tu peux t’affaler comme une merde. Le tableau n’est pas noir avec la craie qui crisse et ça te retourne les ongles comme quand Rei il obtient un sursis de 3 jours avec Toki qui veut lui faire un toucher rectal mais comme il est pas doué il lui plante les doigts dans le dos ça doit faire super mal (en tout cas le Rei il gueule comme un putois et après il a les cheveux blancs avec des reflets verts). Non, le tableau est blanc avec des feutres qu’on entend pas mais qui s’usent assez vite, il fait 4 mètres de long, est réglable en hauteur et il est concave, comme ça où que tu sois placé dans la salle, tu vois correctement. Va t’essuyer la bite, je te raconte les autres détails après.

Les 2 cubes gris-noir au dessus du tableau blanc c’est pas des leaders mais simplement des haut-parleurs, couplés comme il se doit à un système de projection, d’où l’écran de projection que tu vois en haut à gauche, au-dessus du haut-parleur (là il est rétracté, mais il suffit de tirer le crochet pour le dérouler).


Evidemment toutes les salles sont climatisées, donc les 2 turbines de chaque côté de la salle (ici en haut derrière les néons) c’est la clim', gérée comme il se doit par un régulateur que tu peux régler comme bon te semble, sauf si y a des putains de Polonais dans la salle qui trouvent que 5°C est une température raisonnable, la preuve : ils sont en T-shirt.


En France, c’est… euh… différent.



3) Les toilettes.


Non, ça c’est pas les toilettes de mon hôtel, c’est bien ceux de la même fac dont je te cause depuis le début. Je précise qu’il s’agit des toilettes hommes, comme nous l’allons vérifier tout à l’heur.

Tiens, qu’est-ce que je te disais ! Ça c’est les urinoirs, le modèle que tu trouves dans la plupart des lieux publics au Japon, avec le capteur au-dessus (le petit carré avec une barre noire) qui déclenche la chasse d’eau dès que tu t’éloignes.

En France, on a l’urinoir modèle "Kärcher", que plus tu pisses fort plus tu arroses ta chemise, avec le bord juste au niveau de ta queue pour une meilleure transmission des MST. Après tu dois appuyer sur le bouton de chasse d’eau juste après avoir pissé, soit AVANT d’aller te laver les mains, comme les 28649 mecs qui sont passés avant toi, toujours dans un souci d’hygiène.


Après tu as les lavabos où il faut encore appuyer sur le bouton AVANT de se laver les mains comme ça les microbes ils partouzent grave. Tu avais deviné de toi-même que dans les toilettes japonaises le débit d’eau du lavabo est, à l’instar de la chasse d’eau, actionné par capteur.

En revanche, si les Japonais bénéficient du confort, force est de constater que leurs toilettes sont froides et inhumaines, là où les nôtres sont en fait les antichambres des galeries d’art moderne, les lieux d’expérimentations de futurs artistes, mais aussi lieux d’expression des rebelles de Neuilly et d’ailleurs qui cherchent à former la jeunesse estudiantine à une autre façon de penser la société.



Et c’est bien ça qu’on vient chercher à la fac, non ?
 
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